Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/333

Cette page a été validée par deux contributeurs.
325
QUATORZIÈME SIÈCLE

de la plupart des grandes compagnies. Cependant beaucoup de ces aventuriers étaient revenus en Guyenne, et le prince Noir, ne pouvant leur payer la solde promise, leur accorda en compensation le pillage des provinces voisines. Le luxe excessif du prince anglais l’avait contraint d’imposer lourdement ses sujets d’Aquitaine dont le mécontentement croissait chaque jour et gagnait la noblesse. Une taxe de vingt sols par feu porta le comble à l’irritation. Les seigneurs de Guyenne refusèrent de payer et en appelèrent au jugement du roi de France qui s’empressa d’embrasser leur cause. Cité devant le Parlement de Paris, le prince Noir répondit qu’il s’y rendrait à la tête de soixante mille hommes, et les hostilités recommencèrent. Dans la crainte de renouveler les désastres de Crécy et de Poitiers, Charles V interdit à ses généraux toute bataille rangée et leur ordonna de harceler l’ennemi, de jeter des garnisons dans les places menacées et d’occuper sans bruit les contrées traversées par les Anglais. Cette tactique fut si rigoureusement observée, que l’armée anglaise, commandée par le duc de Lancaster, put ravager la France, sans rencontrer d’ennemis, de Calais à Bordeaux, où elle arriva épuisée, débandée, presque détruite par les maladies, la fatigue et la disette (1373). Le prince Noir était également entré en campagne et avait repris Limoges, dont tous les habitants furent massacrés ; mais ce fut son dernier exploit ; atteint d’une maladie de langueur depuis son retour d’Espagne, il dut rentrer en Angleterre, où il mourut le 8 juin 1376. Son fils Richard, âgé de dix ans, fut acclamé comme héritier présomptif de la Couronne.

À la fin de l’année 1373, le roi de France se retrouvait en possession du Quercy, du Rouergue, de la Saintonge, de l’Angoumois et du Poitou. La conquête de cette dernière province avait suivi le combat de Chizey, où le connétable Du Guesclin, avec quatorze cents hommes culbuta sept mille Anglais. L’illustre Chandos, connétable de Guyenne, avait péri dans la bataille, et son successeur, le captal de Buch, était prisonnier dans