caballeros ou hidalgos, de sorte que le suzerain ne trouvait d’appui que dans la classe des pecheros, citoyens des villes qui avaient l’honneur de payer l’impôt. Les riches-hommes d’Aragon avaient, au-dessous d’eux, une classe secondaire de vassaux nommés mesnadaires ; après ceux-ci venaient les infanzones, simples gentilshommes, et enfin les roturiers, bourgeois et vilains. Les priviléges municipaux existaient depuis le XIe siècle, et beaucoup de villes avaient successivement obtenu des fueros ou chartes de libertés, dont elles jouissaient sous l’active surveillance d’un regidor, représentant du pouvoir royal.
Les Cortès, assemblées du royaume, auxquelles participèrent, dès 1169, les mandataires des villes, votaient les impôts et exerçaient un certain contrôle sur l’administration de l’État. Sarragosse, Valence, Barcelone avaient des assemblées séparées, et le roi d’Aragon, dans certains cas juridiques, relevait d’un grand justicier (justiza). Les habitants de la Catalogne, dont l’intelligente activité, avait déjà réalisé une civilisation supérieure, possédaient depuis le XIIIe siècle un code de coutumes maritimes et commerciales (Consolato del mar), qui régissait toutes les transactions des contrées méridionales, et dont le plan servit de modèle aux lois d’Oleron et aux ordonnances de Wisby. Redevables de leur prospérité à leur goût pour la navigation, les Catalans, comme les Gênois, firent, des premiers, usage de la boussole apportée à l’Europe par les Arabes et déjà connue des Chinois.
La guerre qui durait entre la Castille et l’Aragon depuis 1358 se poursuivait avec des alternatives de succès et de revers, et n’était suspendue par des traités de paix perpétuelle que pour être reprise avec plus d’acharnement. Pierre le Cruel, trahi plusieurs fois par ses plus proches parents, était en proie à toutes les fureurs de la défiance. Terrible pour ceux de ses sujets qu’il soupçonnait, il fit massacrer en sa présence le grand-maître de Saint-Jacques, un de ses frères naturels, son cousin Juan, le grand-maître de Calatrava, et