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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

produire la plus affreuse panique dans les deux premières divisions de l’armée française. Le Dauphin, deux de ses frères et le duc d’Orléans donnèrent l’exemple de la fuite, suivis de huit cents gentilshommes qui marchaient sous leurs bannières. La déroute précéda la bataille. Seule, la troisième division, commandée par le roi, qui avait à ses côtés son plus jeune fils Philippe, soutint le choc des Anglais menés en avant par le prince de Galles et Chandos. Jean, après s’être battu héroïquement, atteint de trois blessures, dut se rendre avec son fils. Onze mille Français restèrent sur le champ de bataille de Poitiers et le nombre des prisonniers dépassa celui des vainqueurs (19 septembre 1356). Le roi captif fut conduit à Bordeaux et de là à Londres, où Édouard lui fit l’accueil le plus courtois.

Le 1er  octobre, le comte d’Armagnac, lieutenant du roi en Languedoc, écrivit aux magistrats des villes de son gouvernement :

« Chers amis,

Avec la plus grand tristesse et douleur de cœur qui arriver nous pust, vous faut assavoir qu’il y a huit jours que le roi mon seigneur se combattit avec le prince de Galles, et ainsi comme à Dieu a plu à souffrir, le roi mon seigneur a esté déconfit et est pris comme le meilleur chevalier qui fust ceste journée en son party, et est navré au visage de deux blessures. Monseigneur Phelip (Philippe) son dernier fils est pris avec luy. Monseigneur le duc de Normandie et monseigneur d’Anjou et de Poictiers et monseigneur le duc d’Orlians du commandement du roy monseigneur se sont sauvés, et le roi est ou sera dans trois jours à Bordeaux. »

Le Dauphin, nommé par son père lieutenant général du royaume, prit les rênes du gouvernement. Il s’était empressé de convoquer les États-Généraux (octobre 1356), mais il s’émut bientôt des prétentions des députés et parvint à les congédier. Cependant, comme l’altéra-