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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

tré de son comté au profit de sa tante Mahaut qu’il empoisonna. Sommé de comparaître devant la cour des Pairs, il chercha un refuge dans le Brabant, et, furieux d’avoir été mal servi par des assassins, se décida à faire un veult contre le roi, son spoliateur. Conformément au rituel de la magie noire, il sculpta une statuette de cire, d’une ressemblance parfaite avec le monarque, la fit baptiser par un prêtre sacrilége, et, pendant la cérémonie profanatrice d’une messe nocturne, devant la croix maudite et renversée, perça l’image au cœur à l’aide d’une aiguille, en prononçant les formules de réprobation. Cette œuvre d’envoûtement devait inévitablement causer la mort de l’envoûté, pourvu toutefois que l’envoûteur fut assez initié à la pratique des évocations occultes pour se concilier les esprits infernaux. Philippe de Valois, en apprenant qu’il était envoûté par son beau-frère, ne put échapper aux angoisses de la terreur. Il voulut se défaire à tout prix de Robert d’Artois qui venait de trouver un asile en Angleterre, et réclama avec hauteur son extradition à Édouard III qui refusa nettement (1335). L’année suivante, le sénéchal de l’Agénois expulsa par la force les lieutenants du roi d’Angleterre des possessions contestées qu’il plaça sous l’autorité immédiate de Philippe. Poussé par Robert à faire valoir ses droits à la couronne de France, Édouard conclut des alliances avec l’empereur d’Allemagne, Louis de Bavière, avec les ducs de Brabant et de Gueldres, le marquis de Juliers, les comtes de Hainaut et de Namur ; il envoya Édouard Baliol combattre le roi d’Écosse, David Bruce, dont l’armée contenait beaucoup de chevaliers français. Les ducs de Bretagne, de Bohême, d’Autriche, de Lorraine, embrassèrent le parti de Philippe de Valois qui obtint de Louis de Nevers l’expulsion des négociants anglais du comté de Flandre. Édouard se hâta alors d’interdire l’exportation, dans ce pays, des laines anglaises, et les Flamands, frappés dans la principale branche de leur industrie, se trouvèrent réduits à la plus affreuse misère. Les drapiers de Gand, de Bruges, d’Ypres, ne tardèrent pas à se soulever, sous la direction du brasseur Jacques Ar-