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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

un antipape, le franciscain Nicolas. De retour en Allemagne, il se montra inquiet de l’anathème qui pesait sur sa tête et sollicita vainement son absolution de Jean XXII et du successeur de celui-ci, Benoît XII (1334). Il était sur le point de se soumettre à toutes les humiliations, lorsque les électeurs, indignés des prétentions du saint-siége, se réunirent en 1338 et promulguèrent la Pragmatique Sanction de Francfort, dont ils firent une loi fondamentale et par laquelle ils établirent que le Pape n’avait aucun droit sur l’Empire et ne pouvait ni approuver, ni rejeter le choix des électeurs.

À la mort de Louis V (1347), Charles IV de Luxembourg, roi de Bohême, fut élu empereur. L’Allemagne dut au goût de ce prince pour les lettres et les arts la fondation de ses premières universités. Celle de Prague, ouverte le 7 avril 1347, inspira à la plupart des princes allemands le désir de créer des institutions semblables. Les ducs d’Autriche établirent l’université de Vienne en 1368, le comte Palatin Robert celle de Heidelberg en 1386 ; puis vinrent celles de Cologne et d’Erfurt (1389).

Pacifique et avide de richesses, Charles IV avait passé les Alpes en 1355 avec une petite escorte qui lui valut l’accueil le plus sympathique. Il vendit aux princes des titres et des prérogatives, aux villes les priviléges les plus importants, et, dès qu’il eût reçu la couronne impériale à Rome des mains d’un légat autorisé, il retourna dans ses États, chargé d’or et d’argent, à défaut de gloire. Charles IV se préoccupa pourtant de remédier aux désordres des élections impériales qui troublaient si fréquemment la paix publique. À cet effet, il convoqua une diète à Nuremberg d’où sortit la célèbre Bulle d’or, rédigée par Rodolphe de Friedberg et promulguée le 10 janvier 1356. La Bulle légalisa ce qui existait déjà : le nombre des électeurs resta fixé à sept, en l’honneur des sept chandeliers de l’apocalypse, la voix électorale fut attachée à la possession du pays électoral, déclaré indivisible ; l’électeur-archevêque de Mayence conserva la fonction d’archi-chancelier du royaume d’Allemagne ; celui de Trèves fut archi-chancelier du royaume d’Arles