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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Le règne de ce prince fut un des plus tyranniques de notre histoire. Les populations, épuisées d’impôt, rançonnées par les moyens les plus iniques, vécurent sous un joug de fer, et le mouvement communal, qui avait pris tant d’extension depuis près de deux cents ans, fut brusquement arrêté par le despotisme monarchique substitué à l’arbitraire féodal.

L’humiliation de la papauté dans la personne de Boniface VIII rendit aux souverains de l’Europe quelque liberté d’action. En Allemagne, l’empereur Albert Ier voulut faire passer dans sa maison la royauté de Bohême. Il reprit le projet d’agrandir ses biens patrimoniaux en Alsace et en Helvétie. Les trois cantons de Schwytz, Uri et Unterwalden se révoltèrent contre les prétentions autocratiques de l’ancien duc d’Autriche, et trois montagnards, Werner Stauffacher, Arnold de Melchtal et Walter Furst, se mirent à la tête de leurs concitoyens. Le 1er janvier 1308, la révolution éclata ; d’après la légende, les provocations du bailli Gessler et l’héroïque résistance de Guillaume Tell furent le signal de l’explosion. Les révoltés tuèrent ou chassèrent les prévôts d’Albert, prirent les châteaux fortifiés et les rasèrent pour la plupart. L’Empereur se disposait à marcher contre eux avec des forces considérables, lorsqu’il fut assassiné, en traversant la Reuss, par son neveu Jean de Souabe qu’il avait dépouillé d’une partie de ses domaines (1308). Le successeur d’Albert, dans le duché d’Autriche, Léopold, essaya de reconquérir les villes frontières. Il se jeta dans le canton de Schwytz, à la tête d’une nombreuse armée de chevaliers et fit attaquer Unterwalden par un de ses lieutenants. Sa pesante cavalerie fut écrasée dans les défilés de Mortgarten (1315), et l’Helvétie, cédée à l’Empire germanique depuis 1033 avec le royaume d’Arles, reconquit son indépendance. Elle prit le nom de Suisse, du canton de Schwytz, qui avait été le foyer de la révolte et le théâtre de la victoire. Aux trois cantons primitifs se joignirent ceux de Lucerne (1332), de Zurich, de Glaris, de Zug (1352) et de Berne en 1353. La confédération Suisse, composée alors