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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Déterminé à braver les foudres du Saint-Siége, le roi de France convoqua dans l’église Notre-Dame, un parlement où les députés des villes furent appelés à côté des barons et des évêques, et qui est considéré comme la première assemblée des États-Généraux (avril 1302). Les trois ordres, après avoir entendu la lecture d’une bulle apocryphe, œuvre des légistes, prirent parti pour Philippe qu’ils supplièrent de ne reconnaître, au temporel, « souverain en terre, fors que Dieu. » Pourtant, trente-cinq évêques, cinq archevêques et six abbés se rendirent au concile, réuni à Rome par le pontife, malgré la défense royale ; leurs biens furent saisis et l’instruction de leur procès fut commencée. L’appui de ses sujets poussa le roi à ne garder aucun ménagement, bien qu’il fût menacé au nord par les Flamands que les vexations de Châtillon avaient jetés en pleine révolte. Le comte d’Artois partit à la tête de cinquante mille hommes pour châtier les milices de Flandre. Il les rencontra à Courtray et leur livra une grande bataille où il périt avec six mille des siens, parmi lesquels le connétable de Nesle, le duc de Brabant, Châtillon, Dreux, Aumale, Tancarville et le chancelier Pierre Flotte (juillet 1302). Philippe-le-Bel n’épargna aucun sacrifice pour réparer cette défaite. Il battit à son tour les Flamands à Mons-en-Puelle et se crut maître du pays ; mais bientôt soixante mille bourgeois de Gand, de Bruges, d’Ypres et d’ailleurs se levèrent de nouveau. Il eut alors la prudence de traiter. Il reconnut l’indépendance des Flamands, leur rendit leur comte Robert de Béthune et ne garda que la Flandre française, jusqu’à la Lys, avec les villes de Lille et de Douai (1304).

Boniface avait présidé le concile de Rome le 30 octobre 1302 et promulgué la célèbre bulle « Unam sanctam. » Elle portait que le pouvoir temporel, aussi bien que le spirituel, appartient à l’Église, que les souverains de la terre ne sont que ses lieutenants, et que penser autrement c’est tomber dans l’hérésie des Manichéens. Conformément à ces principes, le pape fulmina contre le roi de France l’excommunication, délia ses sujets du