Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/305

Cette page a été validée par deux contributeurs.
297
QUATORZIÈME SIÈCLE


QUATORZIÈME SIÈCLE.



Le triomphe spirituel de la papauté, aux fêtes du Jubilé (1300), avait rempli Boniface VIII de telles espérances, qu’il se hâta de députer à Paris l’évêque de Pamiers, Bernard Saisset, avec mission de réprimander le roi de France. Philippe-le-Bel fit arrêter le légat sur une accusation de complot et de simonie formulée par les légistes royaux Guillaume de Plasian, Enguerrand de Marigny, Guillaume de Nogaret et le chancelier Pierre Flotte. Indigné qu’on eût osé porter la main sur un prince de l’Église, le pape lança la bulle célèbre Ausculta fili ; il reprochait au roi d’accabler ses sujets d’exactions, d’altérer les monnaies, et le rappelait au sentiment du devoir en ces termes : — « Dieu nous a établi sur les rois et les royaumes pour arracher, détruire, disperser, édifier et planter en son nom. Ne te laisse donc pas convaincre que tu n’as pas de supérieur et que tu n’es pas soumis au chef de la hiérarchie ecclésiastique ; celui qui pense ainsi n’étant qu’un insensé ou un infidèle. »

Philippe fit brûler la bulle par le bourreau, en 1302, et répondit au pape : — « Philippe, par la grâce de Dieu roi des Français, à Boniface se prétendant souverain pontife, peu ou point de salut. Sache votre très-grande fatuité que nous ne sommes sujet de personne pour le temporel ; que la collation des bénéfices et des prébendes nous appartient, etc. ; enfin que nous tenons pour faquin et fou quiconque pensera autrement. »