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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

d’émotion passagère et surprit moins que tout autre le petit-fils de Saint-Louis, Philippe IV, surnommé le Bel. Ce roi de France s’empressait précisément à cette époque de terminer la guerre contre l’Aragon par le traité de Tarascon (1291), confirmé plus tard par celui d’Anagni (1295). Avide, irascible et dur, il pilla les Juifs, falsifia la monnaie et pressura ses sujets sans trève, ni pitié. Pour légitimer ces violences, il s’appuya systématiquement sur les arrêts complaisants des légistes. Les hommes de loi, issus en général du Tiers-État, et à qui la bourgeoisie dut l’accroissement de son influence, s’autorisèrent des Pandectes pour ruiner l’ordre social créé par la féodalité. Tout en organisant la centralisation monarchique, ils furent les premiers fondateurs de l’ordre civil en France, et Philippe-le-Bel fit du parlement de Paris le siége de leur puissance. Ce roi, plus diplomate que chevalier, ne vit pourtant pas sans inquiétude les progrès dans la Grande-Bretagne de son vassal Édouard Ier. Le prince anglais venait de soumettre le pays de Galles, où les derniers enfants de la race Kimrique avaient jusqu’alors conservé leur indépendance. Sur le refus du chef gallois Llewelyn de lui prêter hommage, Édouard s’était jeté sur ses États avec des forces considérables. Il pénétra dans la Kambrie, s’empara de plusieurs forteresses et cerna de tous côtés les montagnards. La lutte fut acharnée et la résistance héroïque ; Llewelyn, surpris dans une grange, fut tué par mégarde, et sa tête, entourée d’une couronne d’argent, fut promenée dans les rues de Londres. Son frère, David, essaya vainement de continuer la lutte ; livré par des traîtres, il fut condamné au supplice dont la loi normande punissait les conspirateurs : on lui brûla les entrailles et on dispersa les quatre quartiers de son cadavre (1283). Les Gallois découragés, se soumirent, et leur pays incorporé reçut la même organisation politique que l’Angleterre. La reine Éléonore venait d’accoucher d’un fils, dans le château de Carnarvon, elle voulut qu’on lui donnât le titre de Prince de Galles, que porta depuis l’héritier présomptif de la couronne (1284). À la mort du roi d’Écosse, Alexandre III, et de