s’inquiétaient de sa puissance, il trouva dans leur successeur, Martin IV, un ami dévoué, et hâta dès-lors les préparatifs d’une expédition contre Constantinople. Rien ne semblait devoir arrêter cette entreprise, lorsque les Vêpres siciliennes éclatèrent.
Depuis quelque temps la vengeance couvait dans le royaume des Deux-Siciles. Un médecin, Jean de Procida, devenu l’âme de la conspiration, s’était assuré l’appui de Pierre III d’Aragon et de l’empereur d’Orient, Michel Paléologue, aussi effrayé des projets de la maison d’Anjou que son fils Andronic II allait bientôt l’être des progrès des Turks Ottomans. Une flotte aragonaise, commandée par Roger de Loria, croisait secrètement dans la Méditerranée, quand, tout à coup, le 30 mars 1282, lundi de Pâques, vers l’heure des vêpres, le peuple de Palerme, irrité par quelques insolences des soldats royaux, les assaillit au cri de : « Mort aux Français ! » Ceux-ci furent égorgés et le massacre se généralisa dans presque toute la Sicile. Charles d’Anjou fit attaquer Messine par sa flotte qui, surprise par l’amiral Roger de Loria, fut incendiée et détruite (1284). Ces revers jetèrent Charles dans une noire mélancolie qui l’enleva en quelques jours, tandis que le roi de France, Philippe III, obligé d’évacuer l’Aragon, allait mourir à Perpignan, laissant le trône à son fils Philippe IV, dit le Bel (1285).
La même année, les rois d’Aragon et de Castille et le pape Martin IV moururent aussi. Trois ans plus tard, un traité assurait le royaume de Naples à Charles-le-Boiteux, fils de Charles d’Anjou, et la Sicile à Jacques, successeur de Pierre d’Aragon.
La chute de la domination germanique et l’affaiblissement de la maison d’Anjou permirent aux petits États du nord de l’Italie, de consolider leurs institutions municipales, sans interrompre le cours de leurs révolutions intérieures. Aux partis Guelfe et Gibelin, aux agitations des familles rivales s’ajoutait l’antagonisme de la noblesse et du peuple. Les formes gouvernementales varièrent suivant l’esprit de chaque pays ; les régimes qui prévalurent furent les principats ou les tyrannies dans