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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Le supplice du dernier des Hohenstaufen lui laissait le champ libre, et aucune intervention de l’Empereur d’Allemagne ne semblait devoir le troubler. Rodolphe de Habsbourg, en effet, s’était bien promis d’éviter toute querelle avec les papes et de renoncer à toute prétention sur l’Italie « la caverne du lion, » se bornant à maintenir un vicaire impérial en Lombardie. Il parvint, en Allemagne, à reprendre toutes les concessions faites depuis Frédéric II et à faire respecter les lois en rasant soixante-dix forteresses de chevaliers-brigands. Le roi de Bohême, Ottokar II, lui ayant refusé l’hommage, « il le vainquit et le tua à la bataille de Marchfeld (1278). Il laissa le royaume de Bohême au fils d’Ottokar, Venceslas, à qui il fiança une de ses filles, et se contenta de l’Autriche, de la Styrie et de la Carniole, dont il donna l’investiture à ses fils Albert et Rodolphe, fondant ainsi la grandeur territoriale de sa maison. Il céda la Carinthie à son fidèle allié le comte Mainhart de Tyrol, fit jurer la paix publique aux États de Germanie et de Bourgogne et provoqua une sorte de confédération pacifique à la Diète de Martigny, où furent admis, pour la première fois, les députés des villes (1290). Il espérait léguer la couronne à sa famille, mais les princes électeurs, toujours préoccupés d’écarter les maîtres trop puissants, lui donnèrent pour successeur Adolphe de Nassau (1291). Ce seigneur obscur songea uniquement à son intérêt personnel, et commença par vendre son alliance, moyennant trente mille marcs d’argent, à Édouard Ier, qui avait succédé à son père Henry III sur le trône d’Angleterre, en 1272. Les électeurs le déposèrent et proclamèrent à sa place Albert d’Autriche, fils de Rodolphe de Habsbourg, qui vainquit et tua Adolphe à la bataille de Rosenthal, près de Worms, en 1298.

La politique purement germanique du premier des Habsbourg avait favorisé les menées ambitieuses de Charles d’Anjou, Pacificateur, Vicaire impérial, Sénateur de Rome, dont la domination ne tarda pas à s’étendre sur presque toute l’Italie. S’il fut sourdement entravé dans ses projets par les papes Grégoire X et Nicolas, qui