Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.
280
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

l’institution des « enquêteurs royaux » que mentionnent les historiens de saint Louis et qui rappellent les « missi dominici » de Charlemagne.

Saint Louis, malgré sa piété, voulut arrêter les empiétements de l’épiscopat. S’il n’est pas l’auteur de la première Pragmatique sanction, il fixa du moins les limites du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel fondant ainsi l’indépendance de la couronne et de l’Église nationale contre les prétentions du Saint-Siége. Dès lors les collateurs de bénéfices rentrèrent dans l’exercice de leurs droits antérieurs ; les cathédrales et les abbayes jouirent de l’entière liberté de leurs élections ; les impositions arbitraires de la cour de Rome furent restreintes aux nécessités urgentes (1248). D’autre part, les communes portaient ombrage au roi. Il abolit celles de Reims et de Beauvais, ne fonda que celle d’Aigues-mortes et en transforma plusieurs en villes royales. La tolérance, inconnue à son siècle, fut nécessairement étrangère au cœur de saint Louis. Les Juifs, les blasphémateurs, les hérétiques furent l’objet d’ordonnances terribles. La rigueur des lois frappait jusqu’à celui qui ne dénonçait pas le blasphémateur, et toute personne soupçonnée seulement d’incrédulité devait être livrée à la justice ecclésiastique, qui envoyait l’incrédule au bûcher. En 1264, à Narbonne, on déterra, pour brûler ses ossements, un certain vicomte de Fenouillade convaincu, trente ans après sa mort, d’avoir eu des relations avec quelques hérétiques. Ses enfants, frustrés de l’héritage, ne purent jamais parvenir à faire réformer cette sentence jugée équitable et régulière par toutes les juridictions.

Saint Louis créa, pour trois cents aveugles, l’hôtel des Quinze-Vingts, construisit la Sainte-Chapelle auprès du Palais de Justice, demeure du souverain à cette époque. Deux monuments législatifs, les Établissements selon l’usage de Paris et d’Orléans (1270), les Établissements des métiers de Paris (1258), furent rédigés par Geoffroy de Vilette, Étienne Boileau et Pierre de Fontaine. Enfin Robert de Sorbon fonda le Collége