ou Jacob, se mit à exhorter les bergers et pastoureaux de la chrétienté à se croiser pour la délivrance du roi et de la Terre Sainte. Ce moine éloquent, qui tonnait contre le luxe des prélats, l’arrogance des nobles et les vices de la Cour romaine, entraîna les villes et les campagnes. Son cortège de trente mille partisans à Amiens, se composait de plus de cent mille hommes à Paris. Cette multitude enthousiaste, frappée d’excommunication par le clergé, se vengea en tuant les prêtres, en dévastant les églises et les châteaux. La régente Blanche intervint et sut calmer l’effervescence de ces malheureux ; mais plusieurs corps de troupes attaquèrent leurs bandes séparées, et le massacre des Pastoureaux à Bourges et à Beaucaire, arrêta cette tentative de croisade.
Saint Louis, à peine de retour, s’occupa de la réforme de son royaume. Sans chercher à dominer impérieusement la société féodale, il voulut la soumettre à de nouveaux principes d’équité et de droit. Il confirma l’établissement de la quarantaine-le-roy, abolit dans ses domaines le duel judiciaire, où la victoire faisait le bon droit, puisque le vaincu subissait le supplice des criminels, bûcher ou potence. Il statua qu’à la preuve par bataille serait substituée celle par témoins ou par chartes, étendit la faculté d’appel à sa juridiction de suzerain supérieur et accrut considérablement le nombre des cas royaux, c’est-à-dire des contestations entre vilains et seigneurs, dont il se réservait le jugement. En 1257, il prohiba les guerres privées dans tout le royaume, et déclara justiciables du sénéchal du roi, comme violateurs de la paix publique, ceux qui entraveraient par leurs querelles la culture des champs.
La découverte récente du code des lois romaines, désigné sous le nom de Pandectes de Justinien, seconda ces efforts. Ce recueil juridique excita une telle admiration que partout on en réclama l’application. L’ignorance des Barons les rendait à peu près incapables d’exercer une magistrature, et la nécessité chaque jour plus impérieuse pour les juges de connaître le Droit écrit