Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

avant lui, furent écartés du trône au profit de Sancho IV. Celui-ci eut à lutter sans cesse contre ses barons, soulevés tantôt par les Lara, tantôt par les Haro. Sa mort, en 1295, fut suivie de troubles encore plus violents, et ce ne fut qu’après dix ans d’une lutte soutenue contre les Infants de la Cerda, que Ferdinand IV, fils de Sancho, fut définitivement reconnu pour son successeur.

Ainsi, le triomphe des chrétiens espagnols sur les guerriers de l’Yémen et du Mahgrêb n’était plus douteux au treizième siècle. L’Espagne dut à cette victoire la perte de l’industrie, du commerce, des sciences et de la haute civilisation des Arabes ; elle y gagna la gloire de s’être reconquise en affirmant dans une lutte de six siècles, sa nationalité et sa foi.

Les Croisades entreprises en Orient ne devaient point réussir comme celles d’Occident. La sixième de ces expéditions, conduite par l’Empereur Frédéric II, avait été la moins infructueuse, puisque, sans répandre beaucoup de sang, elle avait abouti à la restitution de la Ville sainte. Dix ans ne s’étaient pas écoulés que ce résultat était à jamais compromis par une invasion de Barbares bien autrement redoutable à son début que celle qui jeta sur l’Europe, au cinquième siècle, les hordes Hunniques. Elle partit aussi des steppes de l’Asie septentrionale, où vivaient des tribus mongoliques, jusqu’alors tributaires de l’Empire des Tatars, qui comprenait la Tatarie orientale et la partie septentrionale de la Chine. Le chef de l’une d’elles, Temoudjyn, après avoir dompté tous ses vassaux, en faisant jeter les principaux dans soixante-dix chaudières d’eau bouillante, réunit sous son autorité une foule de tribus dispersées, subjugua les Mongols-Kéraïtes, puis les Mongols-Naïmans, soumit le Khan des Oïgours, celui du Tangout, les souverains du Karakhathaï, domina toute la Tatarie et régna sur le Mongolistan dont la capitale, Kara-Koroum, devint sa résidence.

En 1204, dans un Kouriltaï, ou cour plénière, il reçut le titre de Djinghis-Khân (chef suprême), et promulgua son code civil et militaire, écrit en caractères Oïgours