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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

poursuivaient alors les chrétiens d’Espagne venait de se dénouer par la défaite de l’Islamisme.

La trêve de douze ans, qui suivit la bataille d’Alarcos (1195), avait permis aux Espagnols de reconstituer leurs forces. Après avoir momentanément suspendu leurs querelles personnelles, ils se coalisèrent pour recommencer la campagne. Les chevaliers de Calatrava l’ouvrirent par une irruption dans la province de Valence et par la dévastation de plusieurs cantons de l’Andalousie. À la nouvelle de cette agression, l’Émyr des Almohades, Muhamad, fils de Yakoub, quitta Maroc avec son vizir Ebn-Gamea, franchit le détroit, suivi d’une formidable armée d’Africains, qui, renforcée par les musulmans d’Andalousie, s’élevait à plus de quatre cent cinquante mille hommes. Le pape ordonna des prières publiques, un jeûne de trois jours dans toute l’Europe, et promit des indulgences extraordinaires à tous ceux qui partiraient pour la défense de la chrétienté menacée. Les cinq rois de la Péninsule choisirent Tolède pour rendez-vous général de leurs troupes. Les trois rois de Castille, de Navarre et d’Aragon s’y réunirent seuls avec leurs vassaux ; ceux de Portugal et de Léon se tinrent en observation sur leurs frontières. L’armée chrétienne, augmentée d’une foule d’aventuriers Français, attaqua, avec ses trente mille chevaux, la ville de Calatrava qui capitula après quelques mois de résistance. Pendant ce temps les Almohades épuisaient leurs forces contre la forteresse inexpugnable de Salvatierra qui ne se rendit qu’au bout de deux ans. Affaiblis par de longues privations, les Maures s’aliénèrent, en outre, les Andalous islamites que l’exécution des glorieux défenseurs de Calatrava indigna profondément. Ces musulmans qui avaient encore du sang arabe dans les veines, refusèrent de partager la responsabilité de l’aveugle férocité des hordes Africaines. Le 12 juillet 1212, les soldats chrétiens et ceux du Haran se rencontrèrent sur un plateau de la Sierra-Morena, nommé las Navas de Tolosa. L’action était à peine engagée que les Arabes Andalous tournèrent bride, jetant la panique dans les rangs maures-