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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

chesse dans les classes libres. Les campagnes n’en retirèrent, il est vrai, que de médiocres avantages : tout se borna pour elles à une certaine diminution de servage, dont bénéficièrent surtout les nobles par le produit supérieur du travail plus libre.

Tant que durèrent les conditions d’insécurité que faisait au commerce l’organisation sociale de la féodalité, la grande association de la Hanse Teutonique conserva sa puissance et sa prospérité. Elle imposa parfois son autorité aux rois, et le grand interrègne ne fit que développer l’isolement et l’indépendance de divers centres d’activité de l’Empire. L’Allemagne cessa de tendre vers l’unité monarchique pour se constituer insensiblement sur des bases fédératives. Les coutumes particulières, nées de la diversité d’origine des peuples germaniques, avaient rendu inexécutable la rédaction d’un code allemand. L’influence croissante du droit romain, dont les définitions, favorables aux prétentions autoritaires, étaient propagées par l’Église, décida la plupart des villes importantes à faire des recueils d’usages indigènes et de Droit coutumier jusqu’au milieu du XIIIe siècle. Alors parut le code saxon d’Ecco de Repgov, intitulé le Miroir des Saxons, bientôt suivi du Miroir des Souabes, publié par un ecclésiastique inconnu. Le rachat de toute peine, connu sous le nom de composition ou wehrgeld, cessa de figurer dans les lois criminelles de ces recueils, qui acquirent une grande influence sur les arrêts judiciaires. Bien que Frédéric eût accordé aux seigneurs souverains le droit de rendre la justice, la juridiction royale conserva la suprématie et fut représentée par les siéges d’échevins dans les tribunaux inférieurs. Elle favorisa en outre l’institution judiciaire des Cours vehmiques ou Francs-tribunaux de la Westphalie, qui jugeaient d’après des lois approuvées par le roi, mais tenues secrètes. La procédure mystérieuse et sommaire de ces tribunaux, qui contribua au maintien de l’ordre à cette époque, ne tarda pas à devenir une source de tyrannie.

Sous le règne des Hohenstaufen, la société germanique s’ennoblit dans ses mœurs et manifesta son pro-