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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

travail ; ses autres propriétés ne cessèrent pas de faire partie du domaine de l’État.

Le pape Innocent III, consulté par le roi d’Angleterre, déclara par un bref la grande charte intolérable, illicite et malséante, l’annula et délia le souverain de son serment. Retiré à l’île de Wight, Jean-sans-Terre leva des troupes de routiers et de Brabançons en France et leur abandonna les propriétés de ses barons. Ceux-ci, pris à l’improviste, appelèrent à leur aide Louis, fils de Philippe-Auguste et neveu du Plantagenet par sa femme Blanche de Castille. Malgré l’excommunication pontificale, Louis entra dans Londres le 30 mai 1216.

Les barons, les chevaliers et les bourgeois prononcèrent la déchéance de Jean, firent hommage au nouveau roi et lui abandonnèrent tout le sud de l’Angleterre.

La mort prématurée de Jean-sans-Terre, qui aurait dû servir les intérêts du roi français, refroidit la plupart de ses partisans. Les barons estimèrent qu’un souverain étranger, une fois bien assis, leur offrirait moins de garanties que le fils de Jean, âgé de dix ans. Ils finirent tous par reconnaître ce dernier sous le nom de Henry III. Les conquêtes de Louis lui échappèrent ; pour achever la ruine de son parti, on répandit le bruit qu’il se proposait de déposséder toute la noblesse anglaise au profit de ses compatriotes. À la suite de la défaite appelée la foire de Lincoln, le fils de Philippe-Auguste se trouva réduit à la ville de Londres. La pieuse Blanche de Castille encourut les censures de Rome en expédiant de Calais, à son mari, un corps de troupes avec une flotte considérable. Dans la traversée, les vaisseaux français furent attaqués par Hubert de Burgh et presque tous capturés. Ce dernier revers anéantit les espérances de Louis qui renonça à l’héritage du Plantagenet, obtint une capitulation qui garantissait la vie sauve à tous ses partisans et rentra paisiblement en France (1217).

La minorité de Henry III offrit une ample carrière aux intrigues des courtisans. Le pouvoir, convoité par d’innombrables ambitieux, passa successivement des mains du comte de Pembroke entre celles de Hubert de Burgh,