le midi de la Gaule subit le joug de ses vainqueurs. Pendant dix ans la guerre fut continuée par le jeune Raymond VII et par Amaury de Montfort, fils de Simon, tué devant Toulouse (1218). On prêcha d’autres croisades contre les Albigeois, et de plus grands désastres frappèrent encore ces contrées. Les villes furent détruites, les campagnes devinrent désertes, la langue, les arts, l’industrie de la Gaule méridionale disparurent et vers 1220 la paix se trouva rétablie au seul profit de la couronne de France.
Philippe Auguste ne prit aucune part à cette guerre d’extermination, pendant laquelle il fut absorbé par sa querelle avec l’Angleterre. Jean sans Terre avait assassiné son neveu, Arthur de Bretagne, en 1203. Philippe saisit avec empressement cette occasion : en sa qualité de suzerain il somma Jean de comparaître devant ses pairs, pour répondre sur ce meurtre. Sans décliner la juridiction, le roi d’Angleterre, redoutant la sentence, ne se présenta pas, et le tribunal le condamna, comme coupable de félonie et de trahison, à perdre toutes les terres qu’il tenait en hommage. Philippe envahit aussitôt la Normandie, s’empara d’Alençon, de Conches, des Andelys et du château Gaillard. Les villes d’Arques, de Verneuil, de Rouen, capitulèrent, et dès lors, le duché resta définitivement réuni à la couronne. Il en était séparé depuis 912.
La Bretagne qui relevait de la Normandie, devint fief immédiat du roi, et, par l’annexion du Maine, du Poitou, de la Touraine et de l’Anjou, le domaine royal prit tout à coup un accroissement extraordinaire (1206). Obligé de renoncer à ses possessions du continent, Jean-sans-Terre rechercha l’alliance de l’empereur d’Allemagne Otton IV, et, pour dominer sûrement le clergé de son royaume, nomma une de ses créatures à l’archevêché de Cantorbery (1208). Innocent III, qui avait donné ce siége au cardinal Étienne Langton, excommunia Jean et invita Philippe à faire une descente en Angleterre. Toujours prêt à l’humilité comme à l’insolence, Jean alarmé se soumit à l’Église et lui fit hommage de