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TREIZIÈME SIÈCLE

croyances, furent livrés au feu des bûchers. Les croisés, chargés de butin, se retirèrent à l’expiration des quarante jours de service, et le légat donna l’investiture du pays conquis à Simon de Montfort.

Brave soldat, chrétien fanatique et sincère, Simon de Montfort signala sa prise de possession par une série de mesures aussi cruelles qu’impolitiques. La dame de Lavaur, qui avait tenté de défendre sa ville, fut précipitée toute vivante au fond d’un puits que l’on combla avec un monceau de pierres. Ses quatre-vingts chevaliers furent pendus à « de très-hauts gibets. »

Le comte de Toulouse, comprenant enfin que le sort de ses vassaux lui était réservé, tenta de fléchir le Saint-Siége en lui offrant la suzeraineté de ses possessions. L’inflexible volonté des légats prévalut sur les dispositions du pape qui s’était ému devant les flots de sang répandu. On offrit pourtant l’absolution à Raymond ; il devait livrer lui-même tous ceux que les inquisiteurs désigneraient, ne manger que deux sortes de viandes, obliger ses sujets à se vêtir en pénitents, dégrader ses vassaux en les forçant de vivre comme des vilains, renvoyer ses soldats, s’exiler en Terre Sainte.

Le vieux Raymond se souvint de l’héroïsme de son neveu, le vicomte de Béziers, et se prépara à la guerre. Il avait pour alliés les comtes de Foix, de Béarn et de Comminges qui se sentaient menacés comme lui (1211). Les moines de Cîteaux continuaient de prêcher la croisade contre les Albigeois du Languedoc, et les hommes d’armes du Nord venaient sans cesse se ranger sous la bannière de Simon de Montfort, dont le quartier général était à Carcassonne. De nouveaux renforts lui étant arrivés de Flandre, de l’Isle de France et de l’Allemagne, Simon se remit en campagne. Obligé de lever le siége de Toulouse, dont les habitants se défendirent avec courage, il se dirigea sur Foix et rencontra à Castelnaudary Raymond VI et ses alliés. Il les battit et les contraignit de se retrancher derrière les murs de Montauban (1212). À ce moment, le roi Pierre d’Aragon, libre d’agir après la victoire des Espagnols sur les Almohades, à la bataille de