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TREIZIÈME SIÈCLE


TREIZIÈME SIÈCLE.



Célestin III était mort en 1198. Deux jours après, Lothaire, comte de Segni, cardinal depuis 1189, montait sur la chaire de saint Pierre et jetait à l’Europe ces hautaines paroles :

« Le successeur de saint Pierre a été préposé par Dieu pour gouverner, non-seulement l’Église mais le monde. De même que le Créateur a placé au ciel deux grands luminaires, l’un pour présider au jour, l’autre à la nuit, il a établi sur la terre deux grandes puissances, la pontificale et la royale ; et ainsi que la lune reçoit sa lumière du soleil, la puissance royale emprunte sa splendeur de la puissance pontificale. »

C’était la théorie du régime théocratique qui entrait dans la pratique et qui menaçait de s’imposer à l’Europe chrétienne : Grégoire VII était dépassé. Comme il avait interdit le roi de France, Innocent III intimida ou frappa les souverains de Germanie, de Castille, de Hongrie, de Portugal, d’Angleterre et d’Aragon. Il régla en roi et en juge suprême les affaires temporelles de ses États, et pour rendre au Saint-Siége le prestige d’Urbain II, il envoya ses légats dans tous les royaumes pour exciter les princes et les peuples à une quatrième croisade. Le curé de Neuilly-sur-Marne, Foulques, en fut le prédicateur, et, si sa parole éloquente n’émut pas les rois, absorbés par les intérêts temporels, elle eut une action dé-