de Ptolémaïs. Le duc le livra, moyennant soixante mille livres, à l’empereur Henri VI, qui, frustré des droits de sa femme à la couronne de Sicile, voyait un ennemi dans le Roi anglais, allié de l’usurpateur Tancrède.
À cette nouvelle, le roi de France se hâta d’envahir le Vexin, de s’emparer des villes d’Évreux et de Gisors, et d’un grand nombre de châteaux en Normandie. Il excita Jean-sans-Terre à ravir le trône de son frère, et supplia l’Empereur de ne point relâcher le prisonnier. Néanmoins, sur les instances d’Éléonore et des principaux seigneurs anglais, Henri VI permit au royal captif de se justifier devant la diète de Haguenau des crimes qui lui étaient imputés. Son innocence ayant été proclamée, l’Empereur fixa sa rançon à l’énorme somme de cent cinquante mille marcs de pur argent. Les justiciers d’Angleterre prélevèrent des impositions extraordinaires pour réaliser cette somme, et tout le pays fut réduit à la plus extrême misère.
La rançon de Richard donna à l’Empereur les ressources qui lui étaient nécessaires pour renouveler une expédition contre le royaume normand de Sicile, où la mort récente de Tancrède favorisait ses projets. Il rétablit la paix entre les villes lombardes, apaisa les troubles intérieurs qui déchiraient toutes ces cités, entra dans le royaume de Naples et ne rencontra de résistance qu’à Salerne, qu’il fallut enlever d’assaut ; puis, il conquit la Sicile et signala cette facile conquête par des actes de férocité : le cadavre de Tancrède fut exhumé et décapité (1194) ; trois ans après, une révolte de la Sicile, soulevée tout entière à la voix du comte Giordano, fut réprimée avec la dernière cruauté, Catane et Syracuse furent noyées dans le sang ; Giordano, livré aux bourreaux, expira après d’affreuses tortures. On lui enfonça dans la tête, avec une lenteur calculée, une couronne hérissée de pointes de fer.
La possession de la couronne sicilienne suggéra à Henry VI l’idée de relever en Italie la féodalité si abaissée, mais la mort l’arrêta (1197) au milieu de ces combinaisons politiques, et la minorité de son fils, Fré-