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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

son propre fils Eucherius ; on exploita les relations qu’il n’avait jamais cessé d’entretenir avec les Goths, pour l’accuser de comploter le renversement de l’Empereur. Honorius, alarmé, fit assassiner Stilicon et massacrer tous ses amis. Son fils Eucherius, sa femme Serena furent étranglés, et sa fille Thermancia, l’épouse de l’Empereur, eut le privilége de n’être que honteusement répudiée (408). Honorius refusa en outre de tenir les engagements contractés envers Alarik et rendit un arrêt de mort contre les Goths qui se trouvaient en Italie. C’était plus qu’il n’en fallait pour provoquer une nouvelle invasion. Le roi des Wisigoths franchit les Alpes, le Pô, l’Apennin et vint camper sous les murs de Rome (409). Sur la promesse de cinq mille livres pesant d’or et de trente mille livres pesant d’argent, il consentit à s’éloigner et alla prendre ses quartiers d’hiver en Toscane ; mais ces conventions préliminaires n’ayant pas été promptement suivies d’effet, il revint mettre le siége devant la Ville éternelle qui, désolée par la famine, ne tarda pas à capituler. Pour complaire au vainqueur, le sénat décréta la déchéance d’Honorius, caché à Ravenne, et donna la pourpre au préfet Attale qui avait présidé à la défense. Celui-ci fit preuve de tant d’incapacité présomptueuse, qu’Alarik, l’ayant fait déposer aussi facilement qu’il avait obtenu son élection, lui arracha son sceptre en présence de l’armée et le fit revêtir du costume des esclaves. Les négociations furent reprises avec Honorius qui s’ingéniait, dans l’intervalle, à provoquer des défections dans le camp des Barbares. Alarik, furieux, revint pour la troisième fois sur Rome. Le 24 août 410, ses troupes victorieuses entrèrent dans la ville qui, pendant trois jours, fut en proie au pillage et à l’incendie. Toutefois Alarik épargna les Églises et les fugitifs auxquels elles servirent d’asile.

Le Barbare, rassasié de Rome, se mit en marche vers le sud de la Péninsule avec le dessein d’entreprendre la conquête de la Sicile et de l’Afrique ; mais il mourut tout à coup à Cosenza, dans le Bruttium. Ses compagnons et ses soldats, soucieux de soustraire à jamais le cadavre