clergé à se soumettre aux lois générales du pays, et à reconnaître la compétence des tribunaux royaux dans les causes criminelles ; elles prohibaient les appels à la cour de Rome, ainsi que les voyages hors du territoire, et subordonnaient l’effet des excommunications au consentement du souverain.
Cette limitation des priviléges du clergé, acceptée par les évêques assemblés, trouva un adversaire inattendu dans l’archevêque de Canterbury, Thomas Becket. Ce prélat, d’abord courtisan et intime ami du roi, nommé par lui chancelier du royaume, et bientôt primat d’Angleterre, avait été jusqu’alors le défenseur ardent des prérogatives du trône. À la suite de son élévation à la Primatie, un changement considérable s’opéra en lui. Son palais, ouvert jadis à tous les plaisirs et à tous les seigneurs frivoles, ne reçut plus que des pauvres et des moines. Il prit des vêtements de bure, se nourrit d’aliments grossiers et prodigua ses revenus en œuvres de charité. Le courtisan magnifique fit place au religieux austère, et, à l’époque même où le Saint-Siége fléchissait devant la puissance de l’empereur Frédéric Barberousse, l’archevêque de Canterbury prenait en mains la défense de l’Église et proclamait ouvertement que le pouvoir spirituel était indépendant de toute juridiction temporelle (1164).
En présence de l’extrême irritation de Henry II, les évêques d’Angleterre désavouèrent le Primat et prononcèrent sa déposition. Thomas Becket interrompit la lecture de la sentence en s’écriant : « J’en appelle à Dieu et à mon seigneur le Pape par qui seul je dois être jugé, et vous somme tous de comparaître devant ce suprême tribunal. » Après avoir prononcé ces paroles dans le grand conseil tenu à Northampton, il partit le soir même sous un déguisement et se rendit en France où Louis VII lui fit le meilleur accueil.
L’inimitié entre le prélat et son souverain dura près de sept ans, malgré plusieurs tentatives de réconciliation qui échouèrent devant les restrictions obstinées de Becket, disposé à reconnaître l’autorité royale en toutes