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DOUZIÈME SIÈCLE

Quelque puissant que fût le monarque anglais, il ne pouvait songer à dépouiller son suzerain, sans craindre un soulèvement général de tous les possesseurs de fiefs. Ajoutons que dans cette lutte l’Église soutint nos rois contre ceux d’Angleterre qui descendaient, disait-on, de Robert le Diable et de la fée Mélusine.

Henry II observa, aussi strictement que les mœurs de l’époque le comportaient, ses devoirs de vassal envers le roi de France. Au moment d’attaquer Toulouse, dont sa femme réclamait la possession, il apprit que Louis le Jeune s’était jeté lui-même dans la place pour la défendre. Henry arrêta ses troupes et rien ne put le déterminer à assiéger son suzerain. Il n’en continua pas moins à porter la dévastation dans d’autres contrées, et il s’empara, dans le Vexin, des trois villes de Gisors, de Neuflise et de Neufchâtel qui composaient la dot promise à la fiancée de son fils aîné, la jeune Marguerite, fille de Louis VII, à peine âgée de trois ans. Le roi de France, trop faible pour rompre violemment, dut consentir au mariage projeté.

Henry revint à Londres et résolut de profiter de la paix extérieure pour réprimer les empiétements de l’Église dans l’administration de l’État. Docile pendant la rude domination de Guillaume le Conquérant et de son fils Rufus, le clergé était parvenu, sous leurs successeurs, à s’affranchir de toute subordination civile. Grâce au privilége, appelé bénéfice de clergie, qui lui donnait la juridiction absolue sur tout litige impliquant un intérêt ecclésiastique, il contrariait sans cesse l’autorité séculière, et, opposant ses immunités aux tribunaux laïques, s’attribuait le jugement de presque toutes les affaires qui pouvaient se rattacher à une question de conscience, de canon ou de sacerdoce.

L’indulgence des tribunaux ecclésiastiques entraînait de graves abus qui portaient atteinte aux prérogatives de la couronne. Henry II, décidé à les réformer, convoqua une assemblée de prélats et de barons à Clarendon, et fit adopter les Constitutions de ce nom. Ces constitutions, au nombre de seize, obligeaient les membres du