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DOUZIÈME SIÈCLE

tinople. L’empereur Manuel Comnène, irrité des excès auxquels s’étaient livrés les Croisés allemands, ne recula devant aucun expédient pour se débarrasser au plus tôt des Français. Il propagea le bruit que les Germains avaient signalé leur entrée en Palestine par d’éclatantes victoires et le roi de France, jaloux des succès attribués à Konrad, précipita son entrée en campagne. Vainqueur sur les bords du Méandre en janvier 1148, Louis perdit une bataille dans la Phrygie occidentale et il dut renoncer à se porter plus loin. Pour achever son pèlerinage, il prit la mer, accompagné de sa femme et de ses chevaliers, abandonnant les Croisés de « petite condition » que les Turks exterminèrent, à l’exception de trois mille environ qui embrassèrent l’islamisme pour sauver leur vie.

Les pèlerins royaux arrivèrent à Antioche où régnait Raymond de Poitiers, oncle d’Éléonore de Guyenne, qui retint longtemps le roi et les chevaliers français pour la défense de sa principauté. Lorsque Louis VII voulut partir pour Jérusalem, Éléonore, qui trouvait à la cour polie de Raymond de galantes distractions, s’y refusa nettement. Le roi fut obligé de l’enlever d’Antioche pendant la nuit.

Louis se rendit à Jérusalem et accomplit son vœu, puis on parvint à rallier les débris des Croisés français et allemands et on alla mettre le siége devant Damas, le boulevard de la Syrie. Les premières attaques furent couronnées de succès, et les princes chrétiens se disputaient déjà la possession de ce riche pays, lorsque de nouvelles troupes musulmanes survinrent, culbutèrent les assiégeants et dispersèrent les derniers champions de la seconde Croisade. Tandis que Konrad revenait d’un côté dans ses États, Louis le Jeune s’embarquait à Saint-Jean-d’Acre pour l’Europe. Il tomba, pendant la traversée, entre les mains de pirates grecs et ne dut son salut qu’à un capitaine normand de Gênes (1149).

L’élite des hommes d’armes de France et de Germanie périt dans cette funeste expédition. Un cri général d’indignation s’éleva en Europe contre l’abbé de Clairvaux qui avait promis les plus glorieux triomphes à tous les