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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

saire, l’Empereur lui retira l’un de ses deux duchés, la Saxe, et la donna à Albert l’Ours, margrave de Brandebourg. Henry prit les armes, mais, pendant qu’il combattait en Saxe, Konrad investit de la Bavière son frère utérin Léopold IV, margrave d’Autriche. Telle fut l’origine de la rivalité des Guelfes et des Gibelins, dénominations venues du cri de ralliement des partis rivaux : Hie Welf ! pour la maison des Guelfes ; Hie Waiblingen ! pour celle des Hohenstaufen dont le fief de famille se nommait Waiblingen. Transportée en Italie, la dénomination de Guelfes désigna les partisans de l’indépendance et des papes qui la défendaient, celle de Gibelins les alliés des empereurs de la maison de Souabe. Dans le sein même des villes italiennes, les Guelfes furent les partisans de la démocratie, et les Gibelins les soutiens de l’aristocratie.

Konrad apaisa la querelle des deux maisons, à la mort de Henry-le-Superbe (1139), en restituant la Saxe à son fils Henry-le-Lion qui renonça à toute prétention sur la Bavière. Le margraviat de Brandebourg fut détaché de la Saxe en faveur d’Albert l’Ours qui reçut en outre la charge héréditaire d’archichambellan (1142). La paix rétablie à l’intérieur, Konrad se laissa toucher par l’éloquence de saint Bernard et résolut d’aller chasser les infidèles qui occupaient la Palestine. Il partit de Nuremberg, le 29 mai 1147, avec beaucoup de princes et d’évêques, à la tête de soixante-dix mille cavaliers et d’un grand nombre d’hommes de pied. Il traversa la Hongrie pour gagner Constantinople, s’engagea en Asie Mineure, fut égaré par les guides grecs dans les défilés du Taurus et vit ses troupes écrasées par les Turks.

Konrad revint presque seul de cette expédition désastreuse. À peine était-il de retour qu’il perdit son unique fils, et lui-même le suivit bientôt dans la tombe, léguant le trône germanique à son neveu Frédéric Barberousse, de Souabe, qu’il avait désigné pour son successeur.

Louis le Jeune n’était parti que le 14 juin 1147, à la tête de quatre-vingt mille hommes. L’armée française traversa l’Allemagne, la Hongrie et parvint à Constan-