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DOUZIÈME SIÈCLE

Léon de Mehun et à tant d’autres, que « les rois ont les mains longues. »

Effrayé de la puissance du roi d’Angleterre Henri Ier, son vassal, Louis le Gros embrassa la cause de Guillaume Cliton, fils de Robert Courte-Heuse. Après une première lutte sans résultats importants, autour du château de Gisors, les hostilités recommencèrent dans la Normandie, dont les paysans furent ruinés. Les deux rois se rencontrèrent dans le seul combat sérieux de cette campagne, à Brenneville, ayant chacun une escorte de quatre à cinq cents hommes. Trois combattants seulement périrent dans cette journée qui fut moins une bataille qu’un tournoi. Cent quarante chevaliers de Louis et l’étendard royal restèrent au pouvoir du roi d’Angleterre (1119). Le pape Calixte II, venu au concile de Reims pour chercher des partisans contre les monarques germains, dans la querelle des investitures, réconcilia le roi de France avec son redoutable feudataire. Le mécontentement des amis de Guillaume Cliton ralluma la lutte, dans laquelle Henri Ier obtint l’appui de son gendre, l’empereur d’Allemagne (1124). Louis VI, aidé de son premier ministre Suger, abbé de Saint-Denis, organisa le plus formidable armement qu’eût encore commandé un prince de la troisième race.

L’empereur Henry V n’eut pas le temps de mettre à exécution ses projets contre la France : il mourut inopinément, à Utrecht, le 23 mai 1125. Sous son règne s’était terminée cette querelle des investitures, qui ne fut que le premier des trois actes du grand débat entre l’Empire et le Sacerdoce. La papauté avait suscité à l’Empereur de graves difficultés dans ses propres États, mais Henry V, actif et énergique, triompha des révoltes de ses vassaux. En 1116, il confia le soin de la pacification intérieure à son frère Frédéric de Souabe et à son neveu Konrad de Hohenstaufen, qu’il avait investi d’un nouveau duché de Franconie, formé de l’ancienne Alémanie et de quelques portions de territoire détachées de la Bavière. Il se rendit en personne en Italie et s’empara de la riche succession de la comtesse Mathilde, léguée