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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

dans cette querelle. Ce prince, sentant la nécessité de s’appuyer sur la bourgeoisie naissante pour lutter contre les seigneurs féodaux, signala son règne par la sanction qu’il donna à l’affranchissement de plusieurs communes. Toutefois, il se borna à légitimer des révolutions accomplies, et il n’octroya jamais cette faveur qu’à prix d’argent. Louis VI, nommé d’abord l’Éveillé ou le Batailleur, puis le Gros, attentif surtout aux besoins de son trésor, n’eut garde d’accorder sur ses propres domaines les priviléges qu’il ratifiait sur les terres d’autrui. À l’occasion même de l’insurrection de Laon, on le vit céder au poids de l’or des priviléges aux bourgeois, et vendre aux seigneurs la faculté de les reprendre. La ville de Laon, qui, à l’exemple de Noyon et de Saint-Quentin, avait voulu acheter sa charte, dut soutenir, pour la conserver, des luttes opiniâtres. Il en fut de même dans les communes d’Amiens, de Soissons, de Sens, de Vezelay, qui s’établirent à la suite.

Les milices des communes donnèrent toujours leur assistance au roi pour rétablir quelque sécurité sur les routes de ses domaines. Les seigneurs, descendant de leurs donjons, infestaient les routes d’Orléans et de Paris, pillaient les villages, les églises, les monastères, rançonnaient les voyageurs et détroussaient les marchands. Louis-le-Gros, sorte de chevalier errant de la royauté, toujours chevauchant avec quatre ou cinq cents cavaliers s’empara de la tour de Montlhéry, située à six lieues de la capitale, dont le sire, depuis vingt ans, était la terreur des campagnes. Le château du Puiset, qui faisait l’épouvante de la Beauce, fut détruit de fond en comble après trois années de guerre. La cour royale condamna à restitution Bouchard de Montmorency pour avoir pillé les terres de Saint-Denis, et la ville d’Amiens fut délivrée, par la destruction de sa citadelle, de la tyrannie des sires d’Enguerrand de Coucy. L’ordre et la paix furent donc maintenus, les laboureurs, les artisans et les pauvres efficacement protégés par ce prince, hardi batailleur et sévère justicier, qui sut prouver aux Mathieu de Beaumont, aux Drogon de Mouchy, aux Ebles de Roucy, aux