vassaux conduisaient leurs fils, que ces jeunes nobles apprenaient à servir, sous le nom de varlets, de damoisaux, de pages, d’écuyers, et à mériter l’honneur de la chevalerie. La cérémonie de la réception était à la fois religieuse et militaire et comprenait le bain symbolique, le jeûne de vingt-quatre heures, la veillée des armes, la nuit passée en prières dans l’église, la confession et la communion. Puis, le récipiendaire recevait, de la main des chevaliers ou des dames, les éperons, le haubert ou la cotte de mailles, la cuirasse, les brassards, les gantelets et l’épée. Il s’agenouillait devant son seigneur qui lui donnait l’accolade en trois coups de plat d’épée sur l’épaule et disait : « Au nom de Dieu ! de saint Michel et de saint Georges, je te fais chevalier. »
L’usage des noms de famille dans la noblesse remonte à la première croisade, ainsi que les armoiries et les emblèmes héraldiques. Dans ces grandes réunions d’hommes, tout chevalier ne pouvait se faire reconnaître que par un nom qui lui fût propre, et la plupart adoptèrent celui de leur fief. Ils firent peindre également sur leurs écus, en signes abrégés, les exploits que rappelaient les bannières sous lesquelles ils avaient combattu. Ils y ajoutèrent des devises qui servaient à les distinguer dans les tournois, où, luttant de force, d’adresse, de magnificence, ils recherchaient les applaudissements et les prix donnés aux vainqueurs par les dames.
Les Croisés, revenus de Palestine, portaient dans les châteaux les nouvelles de ceux qu’ils avaient laissés et racontaient leurs aventures héroïques. On appelait trouvères dans le nord et troubadours dans le midi ceux qui mettaient ces exploits en vers. Les jongleurs étaient ceux qui les récitaient, et les chantères et ménestrels ceux qui les chantaient en s’accompagnant d’instruments. Dans l’isolement et l’oisiveté que comportait la vie du château féodal dont les murailles arrêtaient autant la civilisation que l’ennemi, ces premiers chanteurs de prouesses représentaient toute la distraction des longues soirées. Aussi étaient-ils toujours accueillis avec joie et