Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Malgré quelques contestations avec le légat Adhémar, qui voulait annexer la nouvelle conquête aux possessions du Saint-Siége, Godefroy de Bouillon, désigné par les suffrages de tous, prit d’abord le titre de défenseur et Baron du Saint-Sépulcre, puis celui de roi de Jérusalem, sous la suzeraineté spirituelle de Rome. Peu après, une armée égyptienne étant venue l’attaquer, Godefroy l’écrasa à la bataille d’Ascalon, et, le nouveau royaume paraissant à jamais affermi par cette dernière victoire, la plupart des croisés rentrèrent en Europe.

La Judée reçut alors une constitution toute féodale, dont le code fut rédigé sous le nom d’Assises de Jérusalem. On créa des évêchés et des fiefs, et, indépendamment des principautés d’Antioche et d’Édesse, il y eut des marquisats de Tyr, de Sidon, de Césarée, des Comtés d’Assur et de Tripoli, des seigneurs de Jaffa, de Naplouse, de Tibériade. La cour du roi, celle du vicomte de Jérusalem, et le tribunal syrien pour les indigènes, furent les trois juridictions du pays. Pour défendre la nouvelle conquête, on créa deux grands ordres militaires et religieux, celui des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, fondé en 1100 par Gérard de Martigues, et, dix-huit ans plus tard, celui des Templiers par Hugues de Payens. Godefroy de Bouillon mourut dans sa capitale le 18 juillet 1100, et eut pour successeur son frère Baudouin Ier.

La première croisade donna un caractère plus élevé à l’institution de la chevalerie, née du mélange des nations Arabes et des peuples Germains. Les sentiments religieux du Teuton et la galanterie délicate de l’Arabe dictèrent les devoirs du chevalier qui consistaient à prier Dieu, servir les dames, défendre la veuve et l’orphelin, aimer son seigneur, combattre, chasser, bien manier son cheval et sa lance. Le discrédit dans lequel étaient tombées les lettres et les sciences, l’absence complète de toute culture intellectuelle favorisèrent, dans la féodalité chrétienne, le fanatisme mystique, sans nuire à la violence et à la férocité des mœurs. C’était dans les châteaux des seigneurs, à la cour des suzerains, où les