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ONZIÈME SIÈCLE

réunirent à Constantinople, d’où ils passèrent en Asie. Quoique fort troublé à la vue de cette multitude de guerriers aux mœurs farouches, Alexis eut l’habileté d’obtenir d’eux le serment d’hommage pour leurs conquêtes futures.

À l’entrée de la Péninsule asiatique, les Croisés battirent le sultan de Roum, Solyman Kilidje-Arslam, devant Nicée, dont ils durent abandonner le siége, par suite de la perfidie des Grecs. Ils s’enfoncèrent alors dans l’Asie Mineure, écrasèrent de nouveau les Turks dans les plaines de Dorylée (1097), et pénétrèrent dans les régions brûlantes de Phrygie où la faim et la soif les décimèrent, envenimant les querelles incessantes de ces princes et de ces soldats de tout pays.

Baudouin, frère de Godefroy, marchant en avant sur l’Euphrate, s’empara d’Édesse dont il se fit prince. Après avoir pris Tarse, le gros de l’armée arriva le 18 octobre 1097, devant Antioche, la cité aux quatre cents tours. Les Croisés investirent la ville. Pendant ce long siége de six mois, ils furent assaillis par les rigueurs de l’hiver et par une épouvantable famine qui les réduisit à manger les cadavres d’animaux et même les corps des musulmans morts ou tués. Enfin, la grande cité tomba en leur pouvoir grâce aux intrigues de Bohémond qui la reçut avec le titre de prince. Les Croisés assiégés à leur tour, se jetèrent en désespérés sur les Musulmans et les taillèrent en pièces.

Après six autres mois de séjour inutile dans Antioche où la peste les dévora, les vainqueurs, réduits à cinquante mille hommes, marchèrent sur Jérusalem que défendaient les soldats du khalyfe du Kaire. Le siége dura cinq semaines. Le 15 juillet 1099, à la pointe du jour, ils donnèrent un assaut général, et, le lendemain, emportèrent la ville où Tancrède et Godefroy entrèrent les premiers. Ils continuèrent la lutte dans les rues et dans les temples, et allèrent solennellement, pieds nus et sans armes, s’agenouiller au Saint-Sépulcre. Soixante-dix mille Sarrasins, de tout âge et de tout sexe, furent égorgés. Les chevaux marchèrent dans le sang jusqu’aux genoux,