lèrent sous la bannière du Christ où le serf trouvait sa liberté, s’éleva à plus d’un million.
« Le père n’osait s’opposer au départ de son fils, dit un chroniqueur, la femme n’osait retenir son mari, le seigneur arrêter son serf. Le chemin de Jérusalem était libre à tous par la crainte et l’amour de Dieu. »
Les premières bandes, composées surtout de pauvres, de serfs, de laboureurs, de vagabonds, de femmes et d’enfants, n’eurent point la patience d’attendre la fin des préparatifs et partirent presque sans armes. L’une était commandée par un chevalier normand nommé Gautier-sans-Avoir : une autre, forte de cent mille individus, par Pierre-l’Ermite ; une troisième, par les prêtres allemands Gotteschalk et Wolkmar. Ces malheureux, bientôt affamés, mirent au pillage les contrées germaniques, massacrèrent les juifs et répandirent partout la dévastation. Les populations s’armèrent pour les détruire : rejetés sur la Thrace par les Hongrois, harcelés par les Bulgares, ces premiers Croisés périrent aux trois quarts avant d’atteindre le Bosphore. Ceux qui parvinrent en Asie, où l’Empereur Alexis se hâta de les faire transporter, furent achevés par les Turks dans les plaines de Nicée.
Derrière cette avant-garde, l’armée proprement dite des Croisés, comprenant environ cent mille chevaliers, s’était mise en marche par l’Allemagne, conduite par le duc de Basse-Lorraine, Godefroy de Bouillon, ses deux frères Baudouin et Eustache de Boulogne, son cousin Baudouin du Bourg, Hugues de Vermandois, frère du roi de France, Robert de Flandres, Étienne de Blois et de Chartres, Robert Courteheuse, duc de Normandie. Les Croisés du Midi, sous les ordres de Raymond, comte de Toulouse, passèrent par les Alpes avec l’évêque du Puy, Adhémar, légat du Saint-Siége et chef spirituel de la croisade. Par l’Adriatique, à travers la Grèce et la Macédoine, arrivèrent les Normands d’Italie, conduits par le prince de Tarente, Bohémond, fils de Robert Guiscard, et par son cousin Tancrède. Ces six cent mille Croisés, ayant élu pour chef Godefroy de Bouillon, se