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ONZIÈME SIÈCLE

tion des principaux émyrs. Gehwar mourut (1044), sans avoir pu conjurer la guerre civile qui, sous son fils Muhamad, prit les proportions d’une conflagration générale. L’émyr de Séville, Aben-Abed, celui de Tolède, Al-Mamoun, soulevèrent toutes les provinces. Allié du khalife, Aben-Abed entra par trahison dans Cordoue et se débarrassa par le fer de Muhamad et de son fils Abd-el-Malek. Il sut, par la terreur et les fêtes, asservir les habitants et consomma la chute du khalyfat de Cordoue dont le nom même disparut (1060).

Maître d’une grande partie de l’Empire, Aben-Abed ne voyait plus d’autre obstacle à ses projets de domination générale que le puissant royaume de Tolède gouverné par le jeune Yahia, fils d’Al-Mamoun (1079). Pour ruiner ce dernier rival, il demanda et obtint l’alliance du roi chrétien Alphonse VI, fils de Ferdinand Ier, héritier depuis 1073 de la couronne de Castille et de Léon.

Alphonse qui, autrefois, avait reçu la riche hospitalité de l’émyr Al-Mamoun, se jeta sans déclaration de guerre sur les États du fils de son hôte, y porta pendant quatre ans le ravage et la désolation et s’empara de toutes les places fortes qui avoisinaient la capitale. Déjà maître de Madrid, de Guadalajara, d’Olmos, il assiégea Tolède (1085). Cette riche cité, épuisée par une famine de plusieurs mois, dut capituler. Toutefois, les musulmans se réservèrent le droit d’exercer leur religion, de nommer leurs cadis et d’être jugés par eux seuls.

La prise de Tolède, dont Alphonse fit aussitôt la capitale de ses États, fit sentir aux Arabes le besoin de la concorde et de l’union. Dans une assemblée générale tenue à Séville, ils se déterminèrent à appeler les Almorravides d’Afrique au secours de l’Islam.

Cette tribu, nommée Lamtounah, venue de l’Yémen et établie au-delà des monts Daren, avait été ramenée au culte orthodoxe du Koran, vers 1050, par un imân de Fez, Abd-Allah, qui donna à ces croyants, demi-sauvages, le nom d’Almorravides (voués à Dieu). Ce chef leur fit traverser les monts de la Mauritanie, et son successeur Abou-Beckr força les Berbères du Maghreb de