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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

qu’à sa majorité la guerre civile régna parmi ses vassaux révoltés ; mais, dès qu’il eut vingt ans, Guillaume exerça d’horribles représailles contre les rebelles et réduisit les plus entêtés (1047). Sa querelle avec le roi de France se termina par la bataille de Mortemer et le traité de Rouen, dont les conditions furent toutes à l’avantage du vassal victorieux (1055).

Henri Ier compensa ces revers par l’acquisition du comté de Sens qui fut réuni à la couronne après la mort du comte Renaud, le roi des Juifs. Dans la crainte, dit-on, de s’unir, à son insu, à une femme qui lui fut alliée par le sang, ce prince épousa en troisièmes noces Anne de Russie, fille du grand-duc Jaroslaw, et il en eut trois enfants. L’aîné de ses fils, Philippe Ier, âgé de sept ans, lui succéda ; il avait déjà été sacré à Reims, suivant la coutume des rois de la troisième race (1060).

Le comte de Flandre, Baudoin, chargé de la régence pendant la minorité de Philippe, s’occupa beaucoup plus de l’administration de ses propres biens que du gouvernement du royaume. Il n’exerça aucune influence sur les entreprises de ses pairs et n’intervint ni dans les démêlés de la succession angevine, ni dans les affaires des Aquitains que leur duc entraînait dans une folle expédition contre les Maures d’Espagne (1063). Il ne s’émut pas davantage de l’ambition toujours croissante du duc de Normandie qui, pour se débarrasser d’un rival dangereux, faisait empoisonner le duc de Bretagne, Konan, et profitait de la rivalité des neveux de Geoffroy Martel, comte d’Anjou, pour leur enlever le Maine.

Lorsque son autorité se trouva bien affermie, Guillaume le Bâtard se rendit en Angleterre, sur l’invitation d’Edward-le-Confesseur. Edward avait toujours aimé les Normands au milieu desquels l’exil avait jeté son enfance, et il les attirait en foule à sa cour. Guillaume fut frappé de la prééminence de ses compatriotes dans cette île. Soldats, évêques, abbés, bourgeois, tous parlaient le franco-normand et l’accueillirent en souverain : un coup d’audace pouvait assurer la possession de l’Angleterre aux descendants de Rollon.