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ONZIÈME SIÈCLE

Léon IX mourut après cette campagne ; l’Empereur lui donna pour successeur Victor II (1054), et succomba lui-même en 1056. La couronne impériale passa à son fils Henry IV, âgé de cinq ans, sous la tutelle de l’impératrice-veuve, Agnès. Celle-ci s’efforça de se concilier les grands vassaux ; ses complaisances ne réussirent qu’à les enhardir, et la régence lui fut enlevée par les ducs de Saxe et de Bavière, remplacés eux-mêmes par les archevêques de Mayence et de Cologne.

Cette orageuse minorité favorisa les projets de la cour de Rome. Sous les papes Étienne IX (1057), Nicolas II (1058), Alexandre II (1061), l’influence de l’ancien moine de Cluny, fils d’un métayer de Soana en Toscane, devenu archidiacre, et conseiller du Saint-Siége, fut toute-puissante. En 1059, Hildebrand fit rendre par Nicolas II un décret portant que l’élection des pontifes serait faite désormais par les cardinaux-évêques et les cardinaux-prêtres du territoire romain ; que le consentement du clergé et du peuple viendrait ensuite ; que l’Empereur exercerait alors son droit de confirmation, et, enfin, qu’on élirait de préférence un membre du clergé romain. Un autre décret défendait aux clercs de recevoir d’un laïque l’investiture d’aucun bénéfice ecclésiastique. L’Église de Rome, dont la suprématie spirituelle était incontestée dans l’Europe chrétienne, se préparait à revendiquer le pouvoir temporel. Si la papauté commençait l’attaque, c’est qu’elle se sentait des forces pour la soutenir. La défaite de Léon IX à Civitella avait donné au Saint-Siége les vaillantes épées des Normands, vassaux volontaires et intéressés à défendre l’Église.

Il n’était bruit, à cette époque, que de la valeur de ces anciens Scandinaves, définitivement implantés sur le sol neustrien, et dont le nouveau chef, aussi puissant que le roi de France, venait de battre son suzerain, Henri Ier, dans trois campagnes. Guillaume II, bâtard de Robert le Diable, et dont la mère, la belle Arlète, était fille d’un tanneur de Falaise, avait hérité du duché de Normandie selon la volonté de son père, mort en Bithynie (1035). Jus-