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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

sentement de l’Empereur. Henry III avait usé discrètement de cette prérogative, mais la sagesse de ses choix ne pouvait que retarder le conflit entre les deux pouvoirs.

Tout en subissant la suprématie de l’Empereur, Léon IX entra dans les projets du moine Hildebrand qui voulait soumettre le clergé à une sévère réforme. Pour une entreprise de cette gravité, la papauté avait besoin d’une indépendance temporelle qui, à ce moment, n’existait, ni de fait, ni de nom. Sa situation était si précaire, que le pape dut se mettre à la tête d’une expédition contre les Normands de Naples, dont le voisinage devenait inquiétant.

Ces aventuriers, partis de Neustrie pour aller en pèlerinage à Jérusalem, avaient été employés, à leur retour, par la cour de Rome, contre les Grecs qui attaquaient Bénévent, puis, par les Byzantins eux-mêmes contre les Sarrasins de Salerne et les Lombards de Capoue (1026). Renforcés sans cesse par de nouveaux compatriotes qu’attirait le désir du butin, ils se trouvèrent bientôt assez forts pour s’emparer du pays où ils combattaient en qualité de mercenaires (1037). En 1043, Guillaume-Bras-de-fer, l’aîné des douze fils de Tancrède-de Hauteville, gentilhomme de Coutances, prit le titre de comte de Pouille et eut pour successeurs ses frères Drogon, Humphroy et Robert Guiscard (l’Avisé).

Les Grecs, battus par ces nouveaux venus, demandèrent des secours à Henry III qui chargea le pape d’exterminer ces aventuriers. Léon IX marcha contre eux avec quelques troupes germaniques et une nuée d’Italiens qui disparurent au milieu du combat, laissant le pontife aux mains des Normands Ceux-ci, trop avisés pour le maltraiter, s’agenouillèrent devant leur prisonnier, se déclarèrent ses vassaux et se firent donner en fief tout ce qu’ils avaient conquis (1053). Le pape devint malgré lui suzerain du duché de Pouille auquel Robert Guiscard ajouta la Calabre, et son jeune frère Roger, la Sicile. La réunion de ces conquêtes devait former le royaume des Deux-Siciles, où régna une dynastie normande.