Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
CINQUIÈME SIÈCLE

envahirent le monde moral, et devinrent l’objet d’une vénération profonde. Ces dieux, d’origine scandinave, étaient : Wuotan ou Wodden, l’Odin du nord, père du temps, suprême distributeur de la victoire dont les Walkyries étaient les messagères ; Tion (le Tyr du nord), le dieu des combats ; Fro (Freyr), le dieu de la paix ; Donar (Thor), le protecteur de l’agriculture et de la famille ; l’antique dieu du feu, Loki ou Phol, adoré surtout chez les Frisons ; Freia (Frigga), l’épouse de Wuotan, la souveraine déesse qui préside aux mariages ; Frouwa (Freyja), l’épouse de Fro, déesse de l’amour dont le char était attelé de chats et à qui appartenait la moitié des guerriers tués dans les combats, dès leur arrivée dans le Walhalla, séjour des héros. En face du bois merveilleux nommé Glasur, planté d’arbres aux feuilles d’or, s’élevait ce palais divin, étrange paradis dont les joies étaient réservées aux braves morts sur les champs de bataille et à ceux de leurs compagnons d’armes qui se tuaient pour ne pas survivre à leurs chefs. Dans la grande salle d’honneur, les Walkyries leur servaient le vin que le seul Odin buvait d’ordinaire. Chaque matin, au chant du coq, les héros se livraient d’effroyables combats ; à midi toutes leurs blessures étaient guéries, et ils s’asseyaient au banquet présidé par Odin, l’enchanteur sans égal parmi les Ases.

Cette immortalité presque réalisée dans le Walhalla, n’était cependant que provisoire, car les dieux eux-mêmes étaient destinés à s’exterminer tôt ou tard dans une mêlée suprême, en expiation de leurs fautes ; et, des cendres de l’univers, dévoré par un incendie immense, devait sortir un monde supérieur et une nouvelle race de dieux.

Les Germains honoraient ces divinités par des chants, des prières et des sacrifices. Ils n’élevaient point de temples, et les prêtres, s’il en existait, ne formaient ni un corps sacerdotal, ni une classe privilégiée. Les cérémonies du culte se célébraient dans les bois sacrés. Pour connaître les volontés divines, on interrogeait le vol des oiseaux, le bruit harmonieux des eaux, le hennissement des chevaux blancs consacrés et les combinaisons mys-