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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

aux ducs de France. Hugues demanda l’investiture de l’Aquitaine et conduisit le jeune Lother en Poitou, pour enlever ce duché à Guillaume-tête-d’étoupe. La résistance de Poitiers permit aux Aquitains de venir au secours de cette ville, et l’armée royale dut battre en retraite (955). L’année suivante, Hugues-le-Grand le faiseur de rois termina sa vie agitée, laissant à Otton, son fils aîné, le duché de Bourgogne, et à son second fils, Hugues Capet, le comté de Paris, ainsi que le duché de France, qui, depuis longtemps, n’en était plus séparé. Débarrassé de ce vassal redoutable, Lother se laissa entraîner par le comte de Blois et de Chartres, Thibaud-le-tricheur, à une odieuse tentative de guet-apens pour s’emparer des états du duc Richard de Normandie. Celui-ci demanda l’aide d’Harald de Danemark. Les bandes scandinaves répandirent sur les domaines de Thibaut une désolation si complète qu’il ne resta pas même, suivant l’expression du chroniqueur, un chien pour aboyer à l’ennemi. La restitution d’Évreux apaisa Richard et éloigna ses dangereux alliés (963).

En 977, l’empereur Otton II conféra à Charles, fils puîné de Louis d’Outremer, le duché de Basse-Lorraine, vacant par la mort de Godefroi. Cette investiture, qui faisait de son frère un vassal du Germain, offensa le roi Lother. Il rassembla ses troupes avec une telle promptitude qu’il faillit surprendre Otton dans Aix-la-Chapelle (978). Mais au milieu des fêtes qu’il donna dans le palais de Karl-le-Grand, un héraut vint lui annoncer que l’empereur lui rendrait visite au premier octobre. En effet, une armée de soixante mille hommes, commandée par Otton, envahit la Neustrie, et bientôt Paris put voir flotter les bannières impériales sur les hauteurs de Montmartre et entendre résonner le formidable alleluia des Allemands (979). Hugues Capet organisa si énergiquement la défense de cette cité que les Germains, n’osant entreprendre un siége régulier, rebroussèrent chemin, poursuivis par les Franks, qui leur enlevèrent leurs bagages au passage de l’Aisne. Par le traité conclu à Reims, à la suite d’une entrevue