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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

périls que d’avantages, puisqu’aucun des grands vassaux ne se mit sur les rangs pour l’obtenir. Le duc de France, Hugues-le-Grand, quoique assez puissant pour se saisir de la couronne, préféra rappeler d’Angleterre le fils exilé de Karl-le-Simple. Reçu à Boulogne par les seigneurs du royaume, Louis IV, dit d’Outremer, fut sacré à Laon par l’archevêque Artaud (936).

Cette même année mourut à Erfurth Henry l’Oiseleur, considéré par ses contemporains comme le plus grand roi de l’Europe. Il subjugua les Dalmates, les Esclavons, les Bohèmes, écrasa les Vandales sur les côtes de la Baltique, conquit la Lorraine, réduisit le duc de Bavière et gagna en 933 la bataille de Mersebourg où périrent quarante mille Hongrois et qui sauva la patrie germanique. Pour mettre son royaume à l’abri des attaques extérieures, il avait établi tout un système de défense. Il fonda les marches du Sleswig contre les Danois, celles de la Saxe septentrionale ou marquisat de Brandebourg contre les Slaves, celles de la Misnie contre les Magyars et les Polonais. Il fit élever un grand nombre de forteresses qu’on nomma Burgwarten, construire des magasins d’approvisionnements ; et les villes de Quedlimbourg, Meissen, Mersebourg, devinrent de véritables centres stratégiques. Ainsi qu’il l’avait demandé dans une diète, quelques mois avant sa mort, les grands de Germanie lui donnèrent pour successeur son second fils Otton Ier, surnommé le Grand.

À peine le nouveau roi saxon eut-il pris possession du trône qu’il dut réprimer la révolte de ses principaux vassaux, des ducs de Bohème, de Bavière et de Franconie. Pendant cette lutte intestine qui ne dura pas moins de quinze ans, les Hongrois reprirent l’offensive l’année même qui suivit la mort du vainqueur de Mersebourg (937). Ils dévastèrent la Souabe, la Bavière, la Franconie repassèrent le Rhin à Worms, incendièrent, près de Sens, le grand monastère de Saint-Pierre-le-Vif, et s’avancèrent jusqu’au sud de la Loire, chassant devant eux les moines qui fuyaient avec leurs reliques. Le seigneur de Déols, Ebbon, à la tête des Berruyers et des