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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

de prestige au roi germain, lorsqu’en 917 les Hongrois traversèrent la Bavière, la Souabe, et pénétrèrent jusqu’en Alsace et en Lorraine. Konrad essaya d’arrêter ces Barbares et périt des suites d’une blessure reçue en les combattant (918). À son lit de mort, il désigna à ses fidèles, comme seul capable de défendre l’Empire, le duc de Saxe, son ancien adversaire, qui lui succéda en effet sous le nom de Henry l’Oiseleur.

Dans leur course victorieuse, les Hongrois dévastèrent la Lorraine sans nul obstacle, car les vassaux de Karl-le-Simple restèrent absolument sourds à l’appel de leur roi. La fortune ne souriait pas à ce monarque à peine toléré et qu’on tenait pour imbécile, si nous en croyons le surnom méprisant qu’il reçut de son vivant. Cependant, il avait eu l’idée de mettre un terme aux ruineuses agressions des Northmans en leur abandonnant définitivement un territoire qu’il ne possédait plus depuis longtemps. Il fit porter des propositions de paix au viking de Rouen, Roll ou Rollon, lui offrant, avec la main de sa fille et le titre de duc, le pays entre l’Andelle et l’Océan, à condition qu’il rendrait l’hommage et embrasserait le christianisme. Rollon accepta, et le traité de Saint-Clair-sur-Epte consacra l’établissement des Northmans dans la partie de l’ancienne Neustrie qui a pris leur nom (911). Le vieux pirate reçut le baptême l’année suivante, ainsi que la plupart de ses compagnons, entre lesquels il partagea les terres concédées.

Peu après son avénement au trône, Henry l’Oiseleur entreprit de s’emparer de la Lorraine. Cette tentative fut arrêtée par la paix de Bonn, que Karl-le-Simple sut se faire accorder (921) ; mais les grands vassaux, feignant de croire leur indépendance compromise, au moindre succès de la royauté, se liguèrent contre le roi neustrien, et, à l’assemblée de Soissons, ils rompirent chacun un brin de paille à sa face, pour lui signifier que tout lien d’obéissance était désormais rompu. Karl, abandonné de tous, chercha un asile hors du royaume (922). Robert, duc de France, fut sacré à Reims, et, à sa mort qui survint l’année suivante, Raoul, duc de Bourgogne, monta