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DIXIÈME SIÈCLE

compagnons d’Attila. Leurs dévastations épouvantèrent la Germanie, au point que les tuteurs de Louis l’Enfant, fils d’Arnulf, durent menacer de mort tous ceux qui refuseraient de se rendre à l’hériban (901). L’armée germaine, qui s’était formée à Augsbourg, n’en fut pas moins battue plusieurs fois sur les bords du Léman et contrainte d’abandonner la Bavière, la Souabe et la Franconie aux ravages des vainqueurs (907). Comme chez les Franks de Neustrie, les chefs Germains abandonnaient souvent le service du souverain pour se livrer à leurs querelles personnelles ; au plus fort de la guerre étrangère, le roi Louis fut obligé de réprimer par les armes les luttes intestines de ses vassaux. Le démembrement féodal n’en suivit pas moins son cours ; au mépris du droit ou de la légalité, les gouvernements de province étaient par le fait devenus héréditaires. Déjà les duchés de Bavière et de Souabe, de Saxe et de Franconie, affectaient une indépendance que les embarras de la royauté ne permettaient guère de contester.

C’est au milieu de cette confusion générale que s’éteignit, dans la personne de Louis l’Enfant, la ligne germanique de la dynastie karlovingienne (911). On remit en vigueur la vieille coutume de l’élection germanique, et Konrad Ier fut choisi par les seigneurs de Saxe, de Thuringe et de Franconie. Tout le règne de ce prince s’écoula en luttes contre ses grands vassaux, toujours impatients du joug de la royauté qu’ils tenaient cependant à conserver pour résister avec plus d’unité aux attaques extérieures. La Lorraine ayant reconnu la suzeraineté du roi Kar-le-Simple, Konrad l’envahit en 912 ; mais fut rappelé en Allemagne par la nécessité de défendre son trône contre le duc de Saxe, Henry, ligué avec les Franks neustriens. Réduit à l’impuissance de ce côté, il fut plus heureux contre les seigneurs de Souabe soutenus dans leur rébellion par le duc de Bavière, Arnold-le-Mauvais. Konrad battit ce dernier et renvoya deux des principaux révoltés, Erkanger et Berthold, devant la diète d’Altheim qui les condamna, comme félons, à la peine de mort (916). Ce succès venait de rendre un peu