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CINQUIÈME SIÈCLE

tes, etc., au nord, entre le lac Flévo et l’embouchure de l’Ems, les Frisons, reste des Bataves ; plus à l’est, Vandales, Burgundes, Rugiens, Longobards ; entre l’Elbe et l’Eider, les Angles et les Saxons.

Le génie de ces peuples barbares était bien différent de celui du monde romain. Belliqueux, fiers, amoureux d’aventures, les Germains détestaient la discipline et la servitude. Malgré leur caractère guerrier, ils donnaient à la liberté individuelle la prééminence la plus absolue. À l’âge de quinze ans, les enfants acquéraient dans une assemblée publique le droit de marcher armés ; à vingt-cinq ans, ils cessaient d’être soumis à l’autorité paternelle, se mariaient et devenaient chefs de famille. Dès qu’il atteignait l’âge où les forces faiblissent, le père transmettait à son fils aîné le pouvoir familial et se tuait souvent, afin d’entrer dans le Walhalla fermé pour ceux qui mouraient dans leur lit. Dans ces sociétés démocratiques, la puissance tant législative qu’exécutive, résidait dans l’assemblée des propriétaires fonciers des communes qui décidait de la guerre et de toutes les mesures d’intérêt général. L’existence d’une antique noblesse, dépourvue de priviléges politiques, ne modifiait en rien cette organisation sociale, et ce ne fut qu’après l’initiation aux idées romaines et bibliques que la royauté acquit plus d’éclat extérieur et de pouvoir intérieur. Quand il s’agissait de repousser une invasion, la nation entière se levait. Faute de fer, les grandes lances et les grandes épées étaient rares ; les cuirasses plus encore. Quelques chefs portaient seuls des casques. Presque toujours la tête restait nue et le corps n’était protégé que par des branchages entrelacés. L’arme principale était la framée consistant en une hampe garnie d’un morceau de fer étroit, court, effilé, également propre à frapper d’estoc, de taille et de jet. Habiles à guider les chevaux sans selle ni étriers, les cavaliers attaquaient souvent mêlés à l’infanterie. On allait au combat au bruit rauque des cornets, au fracas des boucliers heurtés, au rhythme d’un chant de guerre, aux retentissantes clameurs des femmes et des enfants.