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NEUVIÈME SIÈCLE

Soit pour se concilier la faveur du fils victorieux de Gui, soit pour obtenir les applaudissements du peuple, le nouveau pape Étienne VI obtint d’un concile la mise en accusation de son prédécesseur Formose, mort l’année précédente. Étienne fit déterrer le cadavre, qu’on apporta dans la salle des stances et qui fut assis sur le siége papal, revêtu des habits pontificaux. Là on lui coupa trois doigts et la tête et on le jeta dans le Tibre (897). Cette même année, le pape Étienne VI fut étranglé au mois d’août. Romain lui succéda et mourut le 8 février 898. Il eut pour successeur Théodore II, qui fit enterrer de nouveau le corps de Formose trouvé par des pêcheurs. Sous le pontificat de Jean IX, le concile de Rome flétrit encore la mémoire de Formose en annulant le sacre d’Arnulf comme subreptice et barbare. Peu de mois après ce décret de déchéance, le roi de Germanie expirait à Ratisbonne et l’empereur Lambert, vainqueur du duc révolté de Toscane, Adalbert II, tombait sous le poignard d’un fils de Maginfred (899). La vacance du trône impérial laissa le champ libre à de nouvelles ambitions. Les Italiens semblaient vouloir se réunir sous le sceptre de Bérenger, lorsqu’un parti puissant, que dirigeait le marquis d’Ivrée, offrit la couronne au roi de Provence, fils de Boson et petit-fils de l’empereur Louis II. Sur ces entrefaites, l’armée de Bérenger fut écrasée par les hordes hongroises qui commençaient à envahir l’Italie. Son compétiteur se trouvant ainsi réduit à l’impuissance, Louis III de Provence alla se faire sacrer empereur, à Rome, par le pape Benoît IV (900).