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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

capatan ou capitan (887). Les princes de Capoue ayant hérité de la puissance lombarde, tentèrent également d’expulser de leur voisinage les infidèles qui, cantonnés d’abord à Acropoli, sur le cap Misène, avaient établi ensuite, vers l’embouchure du Garillan, une importante colonie. Ce fut le duc Aténulf, maître de Bénévent et de Capoue, qui fit la première tentative pour détruire ce camp redoutable d’Arabes africains (910). Malgré le concours des cités de Campanie, cette entreprise ne réussit pas ; mais le jour n’était pas éloigné où, délivrée un instant de ses discordes intestines, l’Italie allait pouvoir réunir toutes ses forces contre les envahisseurs islamites.

Dans les dernières années du IXe siècle, ce malheureux pays, ravagé par les pirates d’Afrique, avait été, de plus, le champ de bataille de tous les prétendants au titre d’empereur. Gui de Spolète, vainqueur de Bérenger, dans une dernière campagne sur les bords de la Trébie, avait reçu, en 891, la couronne impériale des mains du pape Étienne V. Afin d’en assurer l’héritage à sa famille, il avait employé la violence pour faire sacrer son fils Lambert par le successeur d’Étienne, le pape Formose, qui venait d’offrir cette dignité au roi de Germanie, Arnulf. À la mort de Gui, en 894, les suffrages des Romains s’étaient réunis, malgré les vœux du pontife, sur le jeune Lambert, héritier présomptif. Sollicité de nouveau par Formose, le roi germain passa les Alpes pour la seconde fois (895) à la tête d’une armée de Souabes et de Franconiens ; il prit d’assaut la cité Léonine, et le pape s’empressa de le couronner empereur (896). Agiltrude, mère de Lambert, était allée se renfermer dans Spolète, où Arnulf se disposait à l’assiéger, lorsqu’une atteinte d’aliénation mentale l’obligea de reprendre le chemin de la Germanie. Ce départ précipité rendit aux Lombards leur liberté d’action, et Lambert, reconnu empereur, entra dans Milan où il fit exécuter le comte Maginfred, qui avait servi le parti de l’étranger. Ce ne fut pas la seule vengeance tirée des fauteurs de la domination germanique.