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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

seul code les ordonnances d’Ethelbert, d’Ina et d’Offa, se montra sévère justicier et fonda des écoles, entre autres, l’université d’Oxford. Il traduisit lui-même les ouvrages de Bède, de Paul Orose, de Boèce, encouragea les lettres et les arts, attira les savants à sa cour et rendit son nom aussi célèbre chez ses compatriotes que celui de Karl-le-Grand chez les Franks. En 893, Hastings et ses pirates ayant tenté d’envahir encore ses États, il sut obtenir leur éloignement. Alfred-le-Grand mourut à la fin de l’an 900 et fut enseveli dans le monastère de Winchester.

Les Danois qui refusèrent d’adhérer à la soumission de Gothrun et de vivre chrétiens sous les lois d’Alfred, étaient venus reprendre, sur le continent, le cours de leurs déprédations, ayant pour chefs Rollon, qui commandait la colonie de la Seine, Godfried, qui descendit sur les bords de la Meuse, et un nouvel Hastings, qui recommença la lutte dans la station de la Loire (876-879). Les sommes énormes, à l’aide desquelles on avait acheté si souvent la retraite des envahisseurs, n’avaient servi qu’à encourager leurs audacieuses entreprises. Karl-le-Chauve leur opposa de vaillants capitaines qui leur infligèrent de nombreux revers. Les successeurs de Louis-le-Bègue parvinrent à fermer la Loire aux pirates scandinaves en cédant la seigneurie de Chartres à Hastings. Mais Godfried, le plus puissant des chefs northmans, avait rapidement étendu sa domination sur les bords de l’Escaut, de la Meuse et de la Somme. Il s’était fortifié à Nimègue, à Courtrai, occupait Anvers, Gand et la plus grande partie de la Flandre. En 882, suivi de son frère Sigfried, de ses lieutenants Italf et Gorm, il livra au pillage et à l’incendie Cologne, Bonn, Juliers, Trèves, Metz et Aix-la-Chapelle, où il donna pour écurie à ses chevaux la basilique de Karl-le-Grand. Trop pusillanime pour affronter dans les batailles ce redoutable aventurier, Charles-le-Gros qui régnait alors traita avec lui, lui concéda toutes sortes de bénéfices, lui promit la possession de Coblentz, d’Andernach, outre le duché de Frise, et le fit assassiner dans une entrevue à Hérispich (885).