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NEUVIÈME SIÈCLE

l’Heptarchie anglo-saxonne, les avait constamment repoussés ; mais, sous ses successeurs, ils regagnèrent le terrain perdu et réussirent à occuper successivement le Northumberland, l’Est-Anglie et la Mercie. Quand, en 871, Alfred-le-Grand succéda à son frère Ethelred, son royaume était presque entièrement envahi par les Northmans danois. Refoulé dans le sud et l’ouest de l’île, il parvint pendant sept ans à tenir en échec le redoutable Gothrun, leur chef. Accablé par le nombre, et rarement heureux dans cette lutte difficile, il finit par être abandonné de la plupart de ses fidèles, surtout du clergé favorable aux envahisseurs. Il résolut d’attendre des temps meilleurs et se mit au service d’un bûcheron au fond du Somersetshire ; pendant près d’un an, il chercha l’occasion d’une nouvelle prise d’armes. Lorsqu’il jugea ses Saxons suffisamment impatients du joug étranger, il révéla ses desseins à plusieurs de ses anciens compagnons, et leur donna rendez-vous, la septième semaine après Pâques, à la Pierre d’Egbert, non loin d’Ethandun où campait Gothrun avec ses Danois. Sous le costume d’un barde, il pénétra dans le camp des envahisseurs et gagna leur confiance. Après avoir bien étudié la position des ennemis, il se mit à la tête d’une poignée de braves, attaqua hardiment les Danois et remporta une victoire complète (878). Ce premier succès fut le signal de la délivrance. Battu à Rochester et à Londres, Gothrun consentit à recevoir le baptême et à se retirer dans le nord, où la voie de Waitling, qui allait de Douvres à Chester, servit de limite entre ses possessions et le royaume anglo-saxon. Dès lors, maître chez lui, Alfred-le-Grand s’occupa de civiliser ses sujets. Il régularisa la division du pays en comtés (shires), cantons (hundreds) et dizainies (titings) ; chacune de ces divisions ayant son assemblée particulière pour juger les procès de ses membres. À côté de chaque Ealderman ou comte, fut placé un sherif, officier royal, chargé de défendre les intérêts de la couronne et de percevoir les amendes. Le roi gouvernait avec l’assistance d’une Diète générale, Wittenagemot (assemblée des Sages). Alfred réunit en un