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NEUVIÈME SIÈCLE

et de Souabe, afin de reconstituer l’empire de Karl-le-Grand. Les Saxons battirent son armée à Meyenfeld et Karloman de Bavière envahit l’Italie. Karl-le-Chauve passa les Alpes, mais, ayant vainement attendu les secours que devaient lui amener son beau-frère Boson, les Bernard, et Hugues, comte d’Angers et de Tours, il dut revenir sur ses pas. La mort qui le surprit au pied du mont Cenis (877) permit à Karloman de se faire élire roi d’Italie sans opposition. Le pape Jean VIII ne voulut pas cependant lui accorder la dalmatique impériale. Atteint d’une grave maladie de langueur, Karloman fut forcé de se retirer, et l’Italie resta quelque temps sans souverain. Ce fut le premier interrègne du nouvel empire d’Occident.

Louis II, dit le Bègue, resté seul pour succéder à Karl-le-Chauve, portait depuis dix ans le titre de roi d’Aquitaine et avait reçu les serments des Neustriens. À la mort de son père, il se hâta de distribuer à ses fidèles des alleux et des bénéfices, dans le but de se créer un parti assez puissant pour balancer l’influence des seigneurs provinciaux. Mais les grands vassaux, les ducs, abbés, comtes, irrités de cette politique qui leur donnait des égaux, se réunirent à Avenai et formèrent une ligue formidable contre Louis. Il se mit en sûreté dans le château de Compiègne et négocia avec les mécontents. Il fut obligé de faire aux grands les plus larges concessions et de les confirmer par un serment solennel, au sacre de Reims. Les seigneurs qui avaient pu déjà refuser le service militaire à Karl-le-Chauve, mettaient maintenant des conditions à la reconnaissance de son successeur et le forçaient d’y souscrire. C’était une véritable révolution qui s’accomplissait ; l’aristocratie, devenue assez forte pour affirmer son pouvoir, se substituait à la royauté. Vainement Karl-le-Grand avait exigé le serment direct des hommes libres ; Louis-le-Débonnaire, qui imposa également cette obligation à son avénement, eût été fort embarrassé de la renouveler à la fin de son règne, et ses fils n’y songèrent même pas. L’antique usage germain de se recommander à un chef puissant