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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

États de Lother, en deçà des Alpes, n’étaient pas davantage à l’abri des incursions des Arabes. La Provence, presque déserte, attestait les descentes fréquentes des Sarrasins d’Afrique dont les dévastations s’étaient trois fois renouvelées. Au delà du Rhin, les Saxons, aidés par les Northmans, avaient repris les armes, et Louis-le-Germanique ne fut pas plutôt parvenu à les réduire, qu’il dut tourner ses forces contre les tribus slaves qui croyaient l’occasion venue de recouvrer leur indépendance. Les Moraves donnèrent l’exemple aux Bohémiens et aux Obotrites, mais le défaut d’union entre ces peuples permit au roi de Germanie, sinon d’obtenir leur obéissance durable, du moins de les contenir dans leurs limites.

En Gaule, nous pouvons dire en France, Karl-le-Chauve était obligé de lutter contre ses ennemis intérieurs, pendant que les Northmans, déjà maîtres de Nantes et de Bordeaux (843), pénétraient au cœur de ses États et menaçaient sa capitale (846). Ils venaient de brûler Rouen et les faubourgs de Paris et de renverser les barrières qui fermaient l’entrée des grands fleuves.

En Aquitaine, Peppin II, sacrifié par le traité de Verdun, appela ses partisans aux armes, avec l’aide du duc des Vascons, Sanche Saucion, qui s’était rendu indépendant en Navarre, du duc de Septimanie, Bernard, puis de son fils Guillaume. Les rebelles soutinrent victorieusement les attaques de Karl, au siége de Toulouse, et obtinrent du roi des concessions temporaires (845) ; mais, cinq ans après, celui-ci s’empara de Bordeaux, de Toulouse, de Narbonne, et fit enfermer Peppin, dans le cloître de Saint-Médard. Les Aquitains demandèrent alors au roi de Germanie son fils Louis pour régner sur eux. Quelques mois après, Peppin, échappé de son monastère, rallia une partie de la nation (854). Les deux compétiteurs s’affaiblissant l’un l’autre, Karl-le-Chauve fit accepter pour souverain son propre fils, et les Aquitains ne cessèrent, pendant dix ans, de passer du prétendant neustrien au prétendant germain et de Louis à Peppin. Celui-ci finit par s’allier aux Northmans dont il embrassa