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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

gien se trouvèrent en présence dans les champs de Fontenay ou Fontanet. Austrasiens, Italiens, Aquitains, Germains, Burgundes et Neustriens engagèrent le combat sur trois points, près des villages du Fay, de Coulenne et de Bretignelles. Quarante mille impériaux, du côté de Lother, et autant de soldats du côté de ses frères, périrent dans cette terrible mêlée qui laissa tous les pays franks sans défenseurs contre les Northmans. Lother fut vaincu (841). Il se retira à Aix-la-Chapelle, où il tenta de se créer de nouvelles ressources, en rendant aux Saxons le culte et les lois de leurs ancêtres, en promettant la liberté aux esclaves, en tendant même la main aux Northmans ; suivant l’exemple de son père, il inféoda au renégat Harold l’île de Walkeren et les terres voisines. Il parvint ainsi à réunir autour de lui des forces imposantes et reprit l’offensive en venant camper sur les bords de la Seine. Karl-le-Chauve et Louis-le-Germanique durent s’unir encore pour leur défense commune. Ils se rencontrèrent entre Bâle et Strasbourg, et, par un serment d’alliance prononcé, en présence de leurs armées en langue tudesque par le roi de Neustrie, et en langue romane par le roi de Germanie, ils se garantirent réciproquement leurs possessions contre toutes les attaques. Les guerriers des deux nations s’associèrent à l’engagement juré par leurs chefs. Le serment de Louis le Germanique conservé par Nithard, est le plus ancien monument de la langue française.

Lother, reculant devant ses frères, abandonna l’Austrasie et se rapprocha des Alpes. Les murmures de ses sujets le disposèrent à respecter la souveraineté de Karl et de Louis, moyennant le tiers de l’empire et « quelque chose en plus, à cause du titre d’empereur » (842). Les trois monarques, réunis près de Mâcon, s’entendirent sur les préliminaires de paix que sanctionna le traité de Verdun (843). Lother, avec la dignité impériale, eut l’Italie jusqu’au duché de Bénévent exclusivement, et les territoires compris entre les Alpes et le Rhin, à l’Est ; la Meuse, l’Escaut, la Saône et le Rhône à l’ouest ; Louis reçut toute la Germanie transrhénane avec les villes de