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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

des Bretons, avec les pouvoirs d’un commissaire impérial.

À l’instigation de l’impératrice Judith, Louis convoqua une diète à Worms. Il y fit conférer le titre de roi à son quatrième fils Karl, avec la possession de l’Alamanie, de la Rhétie, de la Bourgogne helvétique, de la Septimanie et de la Marche d’Espagne. Le favori Bernard, investi en même temps des fonctions de chambellan et de gouverneur du jeune prince, devint le plus puissant personnage de l’Empire. Il profita de son pouvoir pour humilier une foule de seigneurs qui formèrent contre lui une ligue redoutable (829). Tous les grands, laïques ou prélats, qui voulaient s’emparer de l’autorité, se joignirent à eux, prenant pour prétexte la nécessité de maintenir l’unité politique. Mécontents du partage de Worms, les fils aînés de Louis entrèrent dans la coalition. La révolte éclata pendant une expédition contre les Bretons. Peppin, qui amenait son contingent du fond de l’Aquitaine, prit d’abord possession d’Orléans, la plus forte place de la Gaule romaine. Suivi par les chefs de la faction, il marcha bientôt sur Compiègne où ses frères vinrent le rejoindre. Bernard s’enfuit dans son duché de Gothie et l’impératrice fut enfermée dans un monastère avec ses deux frères, Konrad et Rodolphe. Quant à l’Empereur, on le relégua dans son palais de Compiègne, sous la garde de Lother, en compagnie de quelques moines chargés de le déterminer à embrasser la vie cénobitique. Le pouvoir suprême fut suspendu, en attendant que l’Assemblée générale de la nation statuât sur le nouvel ordre de choses. Les conseillers de l’Empereur prisonnier obtinrent que cette diète fût convoquée à Nimègue, au milieu des Saxons, des Frisons, des Thuringiens qui lui étaient dévoués. Les Germains accoururent en grand nombre, en effet ; et, grâce à leur dévouement, grâce à la discorde semée par le moine Gundebaud entre les trois frères révoltés, le Débonnaire redevint le maître, reçut la soumission de ses fils et leur accorda son pardon (830). Judith, rappelée du couvent de Sainte-Radegunde de Poitiers, reprit rang d’impératrice ; et les principaux